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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 14:41

                                  Les Films Christian Fechner

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Ceux qui ont déjà parcouru quelque peu ce blog feront forcément le lien entre ce présent article et un autre plus ancien que j'avais intitulé « Pourquoi qu'il est tout nul notre cinéma français ? » Pour ceux qui n'aurait pas lu ce précédent article au titre déjà fort explicite, je peux vous en proposer un résumé très bref sur les quelques lignes qui vont suivre. J'y avais globalement émis l'idée que notre bon vieux cinéma français avait perdu de la superbe dont il pouvait se vanter quelques décennies auparavant, et qu'il n'était aujourd'hui réduit qu'à un cinéma d'auteur nombriliste qui avait de grandes difficultés à ce renouveler. J'en avais notamment attribué la cause au fait qu'en France le cinéma devenait de plus en plus le pré-carré d'une aristocratie de bobos et qu'ils en avaient vendu la diversité de notre cinéma au profit de leurs conceptions bien mondaines du 7ème art.

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                              Mathilde Seigner, Elliot Parillaud, Franck Dubosc, Antoine Duléry, Mylène Demongeot et Claude Brasseur. Daniel Angeli

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C'est vrai, je le reconnais, il y avait un petit esprit provoc dans cet article et d'ailleurs il n'a pas manqué de susciter de multiples réactions. Néanmoins, il y avait aussi un sentiment sincère de désespoir à voir le cinéma français se scléroser à ce point. Alors forcément, quand le bilan 2006 du cinéma français est tombé, je n'ai pas pu m'empêcher d'y réagir, même si c'est avec un petit peu de retard il est vrai ! On parle dans ce bilan 2006 de bonne santé du cinéma et de résultats resplendissants. Est-ce que cela signifie que mon précédent article n'est plus d'actualité et que le cinéma français a su se ressaisir, ou bien s'agit-il d'une information qu'il faut savoir interpréter et relativiser ?

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          Gaumont Columbia Tristar Films    Wild Bunch Distribution

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Des chiffres en 2006 qui sont flatteurs pour le cinéma français.

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Il est vrai que le premier chiffre évocateur de cette année 2006 pour le cinéma français reste celui de sa part dans le box office français face à l'ogre américain. Alors que dans d'autres pays européens comme l'Italie ou l'Allemagne le cinéma américain totalise près de 80% des entrées, il ne représente que 45% du marché français. En effet, en France, c'est le cinéma national qui se taille la part du lion avec 48% des entrées, soit un totale de 188 millions de spectateurs. Un tel pourcentage est suffisamment flatteur comparé à ceux de nos voisins pour qu'on se tienne de le noter.

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Deuxième chiffre qui semble augurer du regain du cinéma français, celui de la présence dans le palmarès des 10 films les plus vus cette année dans les salles de l'hexagone. Car en effet, sur ces 10, 7 sont français et parmi elles quelques films au succès étonnant comme Je vous trouve très beau, nos jours heureux ou encore la tourneuse de pages.

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 Omar Sy. SND Michel Blanc. Gaumont Columbia Tristar Films

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Enfin, troisième chiffre fièrement avancé par le CNC : cette année fut une année faste en production avec pas moins de 203 films français produits en cette année de 2006 ! Bref, que de chiffres pour nous démontrer que le cinéma français va bien, qu'il est dynamique et qu'il est brillant ! A partir de là, bon nombre d'entre vous doivent se dire que le Startouffe fut bien mauvaise langue lors de son précédent article et qu'il se devrait de revoir sa copie sur le cinéma français.

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                            Catherine Frot et Déborah François. Diaphana Films

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Mais qu'en est-il en réalité ?

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Pourtant, malgré ces bons chiffres dont tout le monde se glose, je crois qu'il est nécessaire d'y prendre un peu de recul pour interpréter cette myriade de numéros avec un minimum d'esprit critique. Première limite à la dynamique actuelle que connaît le cinéma français : celle qui porte sur le nombre d'entrées record. Certes, 188 millions de spectateurs c'est éblouissant, mais le problème c'est qu'on observe par rapport aux années précédentes une concentration encore plus accrue de ces entrées sur un nombre sans cesse plus réduit de films. En clair : les chiffres mirobolants qu'affichent les deux ou trois plus gros films compensent la chute progressive des productions de seconde zone. La conséquence directe est qu'un film peu connu ou original ne peut rester que très peu de temps à l'écran d'où l'impossibilité qu'avaient autrefois ces films de profiter du légendaire bouche à oreille. Sur ce point, l'exemple du récemment césarisé Lady Chatterlay est assez représentatif.

                            Franck Dubosc, Gérard Lanvin, Antoine Duléry, Mathilde Seigner et Claude Brasseur. Daniel Angeli

Deuxième problème, et qui découle du premier, c'est que ces gros succès se sont fait en misant essentiellement sur des valeurs sures, et notamment sur des castings regroupant des pléiades de stars. La conséquence immédiate est que les productions se referment sur ce que le spectateur connaît déjà : Mathilde Seigner, Gérard Lanvin, Nathalie Baye, Michel Blanc, etc… Ces productions se referment également par un formatage des histoires d'où toute une série de « films d'auteurs » à la limite du rétrograde : danse avec lui, la maison du bonheur, je crois que je l'aime, etc…

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(Il suffit de juxtaposer les affiches des derniers films sortis pour percevoir le monolithisme du cinéma français en ce moment.)

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Enfin, troisième problème, et non le moindre, c'est constater au final la qualité plutôt navrante des films qui sont responsables de ce succès ! Les Bronzés 3, Camping, Jean-Philippe, La maison du bonheur ou encore l'affreux Incontrôlable, que des films à la qualité plus que discutable ! Et encore ! Je n'évoque pas parmi les films français Arthur et les Minimoys, véritable formatage US qui n'a au fond rien de véritablement français. Si c'est donc ça le succès du cinéma français ?!! Je crois qu'en arrêtant d'analyser le succès du cinéma français par les chiffres mais par la qualité, le bilan en devient totalement différent !

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Bilan : quel espoir ?

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En somme, si on se limite à regarder ce bilan du cinéma français par rapport à la qualité de son cinéma d'auteur, comme à pu le faire le magazine Inrockuptibles, il y a vraiment de quoi avoir peur. Maintenant, pour ceux qui ont déjà lu mon article précédent, vous comprendrez qu'on pourrait encore se réfugier dans l'idée que l'accumulation de capitaux par le cinéma français n'est peut-être pas forcément une mauvaise chose et que cela débouchera sûrement – à l'avenir – sur quelque chose de positif et vers une diversification plus qu'enviable.

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                             Josiane Balasko et Gérard Jugnot. Warner Bros. France

 



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commentaires

C
Dans le cinéma il y a ces bons et ces mauvais films. Malheureusement, le fait est que les dernières productions françaises se rangent dans la seconde catégorie. Elles ne sont faites que pour amasser du fric, et les réalisateurs ne se foulent pas, on ne change pas une recette qui marche, reprise de bouquin ou suite d'un grand succès... ça fonctionne toujours auprès du grand public. Ceci dit, il reste quand même ces jolies réussites comme Nos jours heureux (que j'ai pour ma part beaucoup aimé), La môme ou encore Je vais bien, ne t'en fais pas; pour relever le niveau. Dommage que les français se précipitent vers ces choses si classiques qu'ils voient tout le temps, ils loupent une grande richesse cinématographique. Ma vision est assez négative je le reconnais, mais on ne peut pas nier le fait que le cinéma français reste de qualité.
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7
Je suis en grande partie d'accord avec ton article. Il est vrai que pour un problème de rentabilité, certains de nos films, souvent pas les meilleurs, sont distribués dans un nombre disproportionné de salles par rapport à certaines productions plus difficiles d'accès pour certains spectateurs.Ceux-ci donnent à nos financiers du cinéma des bâtons pour se faire battre puisqu'ils contribuent involontairement au déclin du cinéma d'auteur dont les réalisateurs ont bien du mal à trouver le budget necessaire pour la sortie et la distribution de leurs oeuvres.Voilà pour le côté négatif. Côté positif, la qualité du cinéma français est globalement satisfaisante car d'excellents films ont connu un succès public inattendu auquel il faut ajouter les sorties DVD (La tourneuse de pages, Michou d'Auber, La Môme,Fauteuils d'orchestre....).A toute époque les nanars connurent un succès plus conséquent que des chefs d'oeuvres faisant aujourd'hui partie de notre patrimoine cinématographique. Dans mon blog si je parle de films connus, j'essaye de faire découvrir des films sortis de manière confidentielle ou tombés dans l'oubli, délaissés par les médias. Enfin je termine sur un point sur lequel tout le monde sera je l'espère d'accord:le principal est de sortir de chez soi pour aller au cinéma car si la qualité n'est pas toujours au rendez-vous, la convivialité est présente.<br /> Je te félicite pour ton blog que je m'empresse de mettre dans mes blogs favoris.
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P
Je crois aussi que tu as raison, il faut s'inquiéter de la tendance actuelle qui veut que les producteurs ne prennent aucun risque et préfèrent financer une comédie sans intérêt qui va être un carton plutôt qu'un film plus intéressant mais difficile d'accès.<br /> C'est aussi en partie la faute du public si on en est là maintenant. C'est dommage que les gens se précipitent sur des daubes comme Camping et passent à côté de films plus cinématographiques...
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S
Oh mais oui cher pL, je ne vais pas te contredire quand tu dis que le cinéma français est encore capable de produire de nos jours des films de qualité (même si - pour le coup - j'ai pas trop accroché aux films que tu évoques, mis-à-part bien sûr "Je vais bien, ne t'en fais pas" :))<br /> <br /> Disons que le titre de cet article a un côté un peu provoc et que, bien évidemment, je ne considère pas le cinéma français comme étant devenu une industrie stérile. Mais bon, je pense quand même qu'il faut s'inquiéter de la tendance actuelle à cette focalisation sur les valeurs sures et l'ettouffement que cela provoque du coup sur les petits films, notamment concernant la disponibilité en salle....<br /> <br /> Enfin voila, moi c'est vraiment en ce sens que le cinéma français me fait peur, et j'espère qu'il sera me montrer dans les années qui vont suivre que j'ai eu tort! Merci en tout cas pour ton commentaire et bonne continuation pour ton blog! ;)
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P
Je ne pense pas que le cinéma français soit mauvais. De très bons films sortent régulièrement sur nos écrans (Je vais bien ne t'en fais pas; Quand j'étais chanteur, La Môme, Les témoins... pour ne citer que les plus récents) mais (excepté la Môme) ce sont toujours les plus mauvais qui sont les plus exposés et qui attirent le plus de monde (Taxi 4, Camping, Les bronzés 3...). C'est assez dommage que tant de spectateurs passent à côté de la richesse du cinéma hexagonal.
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