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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 23:59

 

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/75/09/69/19696843.jpg http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/75/09/69/19696842.jpg http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/75/09/69/19696841.jpg

 

Aujourd’hui, mardi 7 octobre 2014, j’ai appris qu’on allait bientôt pouvoir apprendre le dothraki… Vous ne savez pas ce qu’est le dothraki ? Losers ! N’avez-vous donc jamais entendu parler de Game of Thrones ? (Bon, oui, je sais, c’est forcément une question rhétorique ce que je pose là, car si vous consultez cet article, c’est que, techniquement, Game of Thrones, ça vous évoque quelque-chose ! Passons…). Bref, pour ceux qui ne le savaient pas ou ne l’avaient pas encore compris, le dothraki est une langue parlée dans Game of Thrones et qui est donc en passe d’entrer, aux côtés du klingon et de l’elfique, dans le panthéon des langues fictives parlées par une microsociété de gros lards à queue de cheval et à T-shirts geeks. (Je décooooooonne ! Ne partez pas ! J) En réalité, ce n’est pas forcément qu’on puisse parler cette langue ou non qui m’interpelle, c’est ce que cela nous apprend de cette série intitulée Game of Thrones. Maintenant c’est évident, et je le dis pour tous ceux qui l’ignoraient encore : Game of Thrones est incontestablement devenu une série culte, voire même carrément un phénomène de société.

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/75/09/69/19670210.jpgPhénomène certes, mais phénomène étrange qui, pour ma part, m’a toujours intrigué et m’intrigue encore beaucoup. Un phénomène ne devient jamais un phénomène par hasard. Or, dans le cas de Game of Thrones, je trouve que les raisons possibles de son succès sont forts intéressantes. Car oui, une œuvre ne devient jamais « phénoménale » juste parce qu’elle est « bonne » ou « mauvaise ». Ceux qui lisent régulièrement ce blog savent ce que je pense de tels qualificatifs lorsqu’il s’agit d’art. En soi il n’y rien de bon, rien de mauvais, tout n’est question que de point de vue. Soit l’œuvre parle à des préoccupations, à une sensibilité particulière présente dans le public, soit elle ne parle pas. Quand une œuvre se retrouve soudainement portée sur un piédestal, c’est qu’à un moment donné, elle a su apporter quelque-chose qui parlait à beaucoup de gens, et que ce quelque-chose manquait avant elle. Comparer au phénomène Star Wars ou au phénomène Matrix est en cela intéressant. Pour moi, Game of Thrones relève de ce type de phénomène là. Ce n’est pas la conséquence d’un matraquage publicitaire ; ce n’est pas une adhésion de tous sur la base d’un consensus. C’est clairement là une révolution en termes d’histoire racontée et de forme utilisée.

 

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/05/31/20447125.jpegOr, à bien se pencher sur Game of Thrones, une première donnée saute déjà aux yeux. Cette série n’a que trois ans (la première diffusion remonte aux Etats-Unis au 17 avril 2011 et cet article a été rédigé le 7 octobre 2014) et pourtant, elle a déjà atteint le rang de phénomène de société. Vous allez me dire, ce n’est pas la seule. Breaking Bad ou Battlestar Galactica ont su se faire un public de fans très rapidement, récoltant comme "AGOT" (comme on l'appelle parfois) la pluie de récompenses et les louanges de la majorité de ceux qui s’y étaient risqués. Pour le coup, certains avanceraient donc l’idée que Game of Thrones n’est qu’un phénomène de plus, peut-être est-il juste un peu mieux connu du grand public et des journaux télévisés et c’est tout. Certes… Mais justement ! Pourquoi a-t-on parlé de Game of Thrones aux principaux journaux télévisés lors de la sortie de la saison 4 et par pour Breaking Bad ? Pourquoi même mon beau-frère, peu enclin à se tenir au courant de l’actualité des séries, m’a parlé de Game of Thrones mais pas de Breaking Bad ? Pourquoi même mes potes qui ne connaissent que les séries de TF1 et de M6 sont les premiers à vouloir me spoiler cette série dès que je les croise ? OK, Breaking Bad a eu du succès auprès des connaisseurs et de quelques bad guys qui aiment se goinfrer de trucs du genre Scarface-Bad ass… OK, Battlestar a eu du succès auprès des connaissances et des adorateurs de science-fiction… Mais aucun des deux n’est parvenu à atteindre le grand public. Aucun des deux n’a pris une place si imposante dans la culture populaire qu'il devienne à ce point un incontournable. Qu’a donc Game of Thrones qui l’a fait passer dans la classe du dessus, celle des phénomènes connus de tous à défaut d’être encore vus de tous ? Personnellement, j’ai quelques idées en tête…

 

 

Game of Thrones : la quintessence de la série « virale »…

 

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/14/02/28/00/50/120605.jpgA mon sens, pour trouver les raisons du succès phénoménal d’une telle série, il faut aller au-delà de l’écriture et de la réalisation. Son identité même, son format, son genre, sont des clefs de compréhension de son nouveau statut. L’air de rien, pour que le succès devienne total et incontesté, il a fallu que « AGOT » fasse la synthèse de deux types de publics différents, une synthèse que ni Battlestar, ni Breaking Bad ne sont parvenus à faire : celle entre les consommateurs traditionnels de séries et les nouveaux consommateurs. Car oui, les séries ne furent pas toujours les séries que nous connaissons et une bonne partie du grand public est encore resté à une consommation traditionnelle de ce format télévisuel. Il est en effet bon de se rappeler qu’au temps de mes parents, les séries se résumaient à ce que les Dallas, Starsky et Hutch et autres Santa Barbara nous proposaient. C’était de simples rengaines qu’on nous répétait d’épisodes en épisodes : toujours la même affaire, la même coucherie, le même coup de sagouin de JR… Rien n’avançait, c’était toujours la même chose. La bonne vieille logique du Stand Alone. Chaque épisode avait son intrigue propre. Seuls les personnages et leurs relations conflictuelles / affectives restaient d'un épisode à l'autre comme fil conducteur. C’est qu’il ne fallait perdre personne. Il ne fallait pas que, sous prétexte d’un épisode oublié, un spectateur ait l’impression qu’il ne puisse plus suivre le reste de l’intrigue… Jusque dans les années 1990 d’ailleurs, le concept n’avait que peu évolué. Certes, des fils rouges narratifs s’étaient depuis développés – une intrigue de base qui revenait de temps en temps – comme dans X-Files ou dans le Caméléon. Mais au fond le principe restait toujours un peu le même : le but n’était pas de gagner des spectateurs, il ne fallait surtout pas les faire fuir. Le simple fait de mettre ces séries sur des créneaux de grandes écoutes devait suffire pour générer de l’audience. Se trouvait là forcément un public qui attendait qu’on lui serve la soupe. Il ne fallait donc pas faire trop compliqué, il ne fallait pas trop choquer, il ne fallait pas trop oser. Puis est venu l’ère de la chaîne à péage et du cinéma cher. On s’est alors rendu compte au début des années 2000 qu’il était finalement plus rentable de se payer un abonnement à HBO, Showtime ou autres Sci-fy que de risquer le jeu de roulette russe que constituait une sortie dans les salles obscures. L’avantage pour une chaine quand c’est le paiement de l’abonnement qui rapporte plutôt que la pub, c’est qu’on se moque des grands pics d’audience où il faut rassembler un large public. Chaque public va voir ce qu’il veut quand il le veut. Là s’ouvrait une nouvelle ère, une ère durant laquelle l’audace payait, c’était le début de l’âge d’or de la série… Bonjour les Soprano, Six Feet Under et autre Dexter ! Désormais tous les coups étaient permis. Finis les sujets ou thématiques consensuels. Au contraire, plus c’était clivant et plus c’était parlant ! Et ces séries ont d’autant plus fonctionné qu’Internet a stimulé le processus. Sur le Net, c’est le même principe que le péage. Chaque public va chercher ce qu’il veut. Or, le public internaute voulait du neuf, il l’a eu. Un nouvel état d’esprit était né ; un nouveau public aussi. D’un côté la génération numérique mangeait ses séries HBO sur le réseau, tandis que de l'autre, un public traditionnel, nourri aux produits classiques des TF1 et autres M6, continuait à manger ses Horacio Caine, ses John le Rouge et autres DiNozzo-va-t-il-enfin-sauter-Ziva… A première vue Game of Thrones était destiné au premier public et voué à ne jamais en sortir. Cette série a certainement d’ailleurs été pensée comme cela. Pourtant, quand on y réfléchit bien, c’était la série la mieux armée pour faire la grande jonction…

 

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/75/09/69/19638916.jpgDe ce que j’ai pu constater en une dizaine d’années d’intérêt et d’échanges au sujet des séries de l’âge d’or, c’est qu’un consensus semblait pratiquement impossible entre les consommateurs traditionnels de séries, c’est-à-dire ceux qui attendaient qu’on leur propose un instant de détente le soir à la télé, et les nouveaux consommateurs, c’est-à-dire les fureteurs d’Internet qui recherchaient davantage des séries à leur goût parmi celles proposées sur ce grand catalogue qu’est la toile. Comme je le disais plus haut, pour moi, ce qui séduit, encore aujourd'hui; le chercheur de séries parmi les productions de chaînes à péage, c’est l’originalité, la nouveauté, voire la liberté de ton. Le consommateur à la carte veut de la diversité. C’est lui qui choisit. Or, celui qui est encore dans l’habitude qu’on lui propose un spectacle pour se détendre le soir, ces mêmes originalités et libertés de ton sont des entraves. Se faire inviter par une série parmi une famille de croque-morts, au beau milieu des dirigeants de la Rome antique ou bien en plein cœur d’un trafic de drogues menés par des beaufs, c’est trop rude, c’est trop risqué. Le consommateur grand public veut se retrouver très rapidement dans une série, il veut ses repères, il ne veut pas perdre une ou deux soirées pour se rendre compte si ce spectacle lui correspond ou non. D’ailleurs, rares sont les séries osées qui ont su toucher le grand public. Pour moi il y en a deux : House et Dexter. Le postulat de base de ces deux séries était assez risqué puisque deux héros au fort potentiel antipathique nous invitaient dans une exploration de l’hypocrisie sociale. Ces deux séries ont pris de l’ampleur assez rapidement et ont su passer du public de niche au grand public. Ces deux séries auraient pu faire la synthèse que seule Game of Thrones est parvenue à faire jusqu’à présent. Seulement, en gagnant de l’audience, les chaines concernées se sont empressées de lisser leurs produits pour continuer l’élargissement du public visé. En faisant cela, ces deux séries avaient certes gagné le grand public, mais perdant du même coup l’affection du public initial. Game of Thrones, elle, n’est pas rentrée dans cette logique. Elle a su élargir son audience sans dénaturer ni son propos ni sa forme. La raison vient peut-être du fait que, dès l’origine, cette série disposait de toutes les cartes nécessaires pour séduire le grand public. Certes, au premier regard, Game of Thones répond à toutes les caractéristiques d’une série qui s’adresse à un public de niche : elle était rude, sanglante, bourrée de cul et surtout, elle avait plein de personnages complexes nécessitant attention et mémoire. Aucune chance de passer sur TF1, ça c’était sûr… Malgré tout, Game of Thrones dispose d’atours très classiques qui peuvent la rendre séduisante et accessible au grand public. Là où le consommateur occasionnel aura peur de se risquer dans l’univers des avocats de Damages ou dans le monde politique de House of Cards, deux univers a priori pas très engageants (ça peut être chiant, compliqué, bavard), il craindra beaucoup moins une série qui s’affiche ouvertement comme une série d’heroic fantasy avec des dragons, de la magie et des zombies. Le Seigneur des Anneaux est passé par là. Désormais dans l’imaginaire collectif, l’heroic fantasy c’est la garantie d’un univers inoffensif pétri de clichés avec lesquels on se sent à l’aise. On n’imagine pas qu’une série d’heroic fantasy puisse nous gonfler avec de la politique ou des personnages complexes. On reste persuadé que, de toute façon, les passages avec les chevaliers et les dragons sauront compenser. De plus, toujours à l’image du Seigneur des Anneaux, Game of Thrones n’est pas vraiment un nouveau venu, une création nouvelle. C’est avant tout l'adaptation d’un roman qui avait déjà sa communauté, laquelle lui assurait par avance une certaine notoriété. Autant de choses rassurantes pour celui qui craint de ne pas être en terrain connu. Oui, cela pourra paraître bête pour certains, mais à mon sens tous ces éléments sont à mes yeux ceux qui ont permis à Game of Thrones de faire la synthèse entre les deux publics de séries et de prendre pour le coup l’ampleur qu’on lui connait aujourd’hui. Mais au-delà de ça, il me semble aussi que si la série a autant fonctionné, c’est parce qu’elle était aussi dotée d’éléments scénaristiques qui ne pouvaient que favoriser sa contagion…

 

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/101/21010157_20130604155628833.jpgCar oui, j’insiste sur ce terme au point de l’avoir fait figuré dans le titre de cette partie, Game of Thrones doit aussi son succès au fait que son récit contienne les plus parfaits des agents viraux. Parce que, qu’on le veuille ou non, il n’existe que deux manières d’être contaminé par une série. Soit on subit un flot de pubs incroyable qui finit par nous conditionner à voir cette série. Soit on subit le bouche à oreille. Or Game of Thrones est là série qui, par excellence, a su optimiser, presque sans le vouloir, la deuxième méthode. Il suffit de se balader sur un forum ou près d’une machine à café pour comprendre le facteur premier de la diffusion virale. La perfidie de cette série repose essentiellement sur le fait qu’elle soit capable de poser, à intervalles réguliers, des évènements-ruptures qui viennent totalement bouleverser la narration attendue et qui souvent entrainent chez le spectateur ce que j’ai coutume d’appeler un « désanussage en bon et due forme » (l’entrée de cette expression dans le Larousse est pour bientôt). Ce type d’évènements, c’est le genre de choses qu’on ne peut pas garder pour soi, un peu comme quand notre organisme nous pousse à tousser notre grippe sur le premier venu afin de nous soulager. On les sent ces gars qui, à la machine à café, ont envie de tant en parler. ! Alors certes, Game of Thrones n’est pas la seule série dotée de ce genre d’évènements : Battlestar, Breaking Bad ou The Wire, sont aussi très riches à ce niveau là. Seulement, une situation de Game of Thrones est tellement plus accessible et compréhensible pour qui n’est pas concerné. Quand deux gars à la machine révèlent des éléments d’intrigue de Battlestar, on y comprend rien, parce qu’il y a tellement de termes techniques et de situations politiques complexes qu’on peut écouter sans vrzimrny savoir de quoi il est question. Faites le test pour vous-même (sauf si vous êtes en train de regarder Battlestar, dans ce cas je vous conseille de reprendre votre lecture à l’annonce de fin de spoils !). Si je vous dit « Ouah quand même ! Le moment où Zarek bute le Qorum des Douze, j’ai trouvé ça fort » ou bien « Le retour de Starbuck en provenance de l’œil de Jupiter, je ne m’y attendais vraiment pas », personne ne comprend rien, et personne n’a envie de comprendre. Si par contre je vous dis (attention spoil de Game of Thrones saison 1 ce coup-ci) : « que le héros de la série se fasse décapiter dès le départ par le roi, je ne m’y attendais pas. Je ne vois pas comment on pourra éviter la guerre maintenant » ou bien encore « que le gamin se fasse pousser du haut de la tour parce qu’il a surpris la reine en train de forniquer avec son frère, c’était quand même costaud », là, tout le monde voit de quoi on parle. Aucun mot ne bloque. Au contraire, tous les mots intriguent. Qu’on dise « la reine aux dragons » ; « le nain », « les zombies du nord », tous ces mots sont à la fois compréhensibles et sont intrigants (fin des spoils). Cette série est une vraie usine à spoils, et des spoils suffisamment dégueulasses pour que, non seulement ils vous révèlent des éléments de l’intrigue, mais vous donnent en plus envie de découvrir la série. Cette série s’imprègne parfaitement de notre imaginaire collectif pour l’utiliser à son avantage. Bref, presque sans le vouloir, elle dispose de toutes les cartes pour se répandre rapidement et pour donner envie de la découvrir. Après, si le succès a emboîté le pas à ce processus, c’est aussi parce qu’il y avait un propos dedans, un propos qui parle au plus grand nombre. Mais justement pour ce propos nouveau et intrigant soit accessible au plus grand nombre, encore fallait-il disposer des éléments qui soient susceptibles d’attirer le plus grand nombre. Sans ça, jamais Game of Thrones n’aurait pu proposer ce qui fait essentiellement le moteur de son succès, ce petit plus que les gens ne retrouvent que dans cette série et pas ailleurs…

 

 

Un moyen-âge contemporain face à des séries contemporaines moyenâgeuses.

 

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/14/06/13/10/25/438034.jpgSi, arrivée dans la cour des grands, Game of Thrones a su s’imposer au grand public, c’est qu’elle avait quelque-chose que les autres n’avaient pas. Mais surtout, pour que l’ampleur du phénomène soit tel, il a fallu que ce quelque-chose manque à l’ensemble de l’imaginaire collectif de notre société. Star Wars en son temps, était devenu un phénomène social car, enfin, il avait su donner corps à l’univers culturel des geeks des années 1970. Matrix aussi, de son côté, était aussi devenu un tel phénomène social en fournissant enfin aux générations virtuelles une grille de lecture de leur propre identité. S’il y a phénomène social autour d’un objet culturel, c’est que cet objet est venu satisfaire un besoin de reconnaissance, de compréhension, d’une réalité du monde que la culture n’avait pas encore réussi à cerner. Or, à mon sens, s’il y a bien un point fort que l’on peut trouver à Game of Thrones, c’est que c’est la première série qui a su retranscrire les enjeux du monde contemporain dans un format qui ne faisait fuir personne. Car, si beaucoup se sont imaginés que dans un monde d’heroic fantasy, on ne risquait pas de les emmerder avec des considérations sociales, ces mêmes personnes sont au final bien contentes de se détendre et de s’évader vers un autre monde qui est finalement bien plus fidèle au leur qu’ils ne veulent bien se l’imaginer. Je pense même que c’est par cette capacité à être en phase avec nos modèles sociaux actuels que la série touche aussi facilement au but et fascine la plupart de ceux qui s’y risquent. Parmi toutes les questions sociales traitées par cette série, le seul cas de la condition féminine pourrait suffire à nous le confirmer.

 

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/05/31/20447135.jpgOn pourrait penser que dans une série s’implantant dans un monde médiéval, les personnages féminins n’aient pas réellement leur place ou que, du moins, elles ne pourraient pas exprimer les attitudes dans lesquelles les femmes (et même les hommes) du XXIe siècle pourraient se reconnaître. Et pourtant… A comparer la place et la posture des femmes dans Game of Thrones avec celles des séries grand public censées se dérouler à notre époque, on se rend compte que les femmes d’aujourd’hui ne sont pas forcément là où on le croit. Quand on regarde les séries actuellement diffusées sur les grands réseaux comme le sont Castle, Mentalist, NCIS, ou autres Crossing Lines (oui je cite ce dernier cas juste pour la blague car je le trouve drôle !), on constatera que les différentes figures féminines répondent souvent aux mêmes caractéristiques. Elles sont jeunes, grandes, filiformes, le visage conforme aux canons de beauté actuels, elles ne jurent pas (ou peu, ou convenablement), elles ne baisent pas (ou peu, ou convenablement), elles ne fument pas et surtout, elles ne s’affirment pas. Ont-elles des projets ? Des envies ? Des pulsions ? Généralement on les représente comme des nanas qui, sur un bon mot, vont lâcher une petite pique du genre « je ne suis pas ce genre de femmes, je suis une femme libre / autonome / intelligente », même si, au cours de la série, on aura l’occasion de se rendre compte qu’elles ne se résument en définitive qu’à de simples faire-valoir de relations amoureuses. Même si je ne suis pas assidument ces séries, je pense pouvoir mettre ma main à couper qu’il est impossible de citer un seul de ces personnages féminins qu’on ne pourrait associer à une romance (contrairement aux personnages masculins). Ces nanas, ne sont pas des femmes modernes, du moins elles le sont moins que les nanas de Game of Thrones. Dans cette série, toutes les classes d’âge sont représentées, de la grand-mère Tyrell à la petite Arya en passant par Catelyn, Cercei ou Sansa. Toutes ne sont pas des canons de beauté (Brienne) ; toutes ne sont pas des modèles de vertu et de constance (Lysa Tully / Shae) ; certaines sont des personnages aux intentions troubles et aux objectifs multiples (Cercei / Catelyn) et enfin, toutes ne sont pas impliquées dans des relations amoureuses (Margaery / Arya). Dans cette série, les femmes ont des désirs, des envies, des projets, des postures, des rancœurs, des frustrations… Les conflits genrés ne sont pas ignorés pour autant : nombreuses sont les femmes à devoir se justifier auprès des hommes pour leur simple appartenance au genre féminin (Daenerys / Cercei / Brienne), même si parfois certaines semblent affranchies de cette situation (Melisandre / Ygrid). Toutes les figures de la femme actuelle sont représentées dans Game of Thrones, qu’on soit encore une enfant ; qu’on soit soumise et passive comme Sansa ou bien autonome et autoritaire comme Daenerys. Game of Thrones aborde la femme de manière contemporaine dans son Moyen-âge fantasmé alors que toutes les autres séries contemporaines présentent une figure encore figée et presque moyenâgeuse de la posture féminine. Que certaines polémiques puisse taxer cette série de sexiste relève pour moi de l'incompréhension totale. Game of Thrones est peut-être la seule série qui donne autant de place aux femmes, qui plus est dans une diversité aussi large, loin de leurs postures habituelles de simple faire-valoir des personnages masculins. Mais le traitement des personnages féminins n'est finalement qu'un aspect de la série, car l'originalité et la pertinence d'AGOT s'étend finalement à tout son casting...

 

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/14/05/16/14/13/117076.jpgAprès tout, quand on y regarde bien, toutes les identités sont présentes dans cette série. Il n’y a aucun héros parfait au sourire flamboyant et à la décision toujours juste dans cette série. Chacun a ses faiblesses, chacun a ses tares qu’il faut apprendre à gérer, chacun a une place donnée dans la société et qu’il n’a pas forcément choisi. Ainsi, parmi les catégories trop souvent sous-représentées dans le monde de la série, on peut citer les nains (Tyrion), les enfants (Arya, Bran et Rickon), les prostituées (Shae), les religieux (la garde de nuit), les invalides (Bran), les vieux (Davos), les gays (Renly / Oberyn), les gros (Sam), les aveugles (Aemon), les estropiés (Sandor / Shôren), les déficients mentaux (Hodor) et même les roux (Theon / Ygritte) c’est dire ! Aucun de ces personnages ne peut être mis dans une case « gentil » ou « méchant ». Tous ont leurs faiblesses, même Eddard Stark a fait un marmot dans le dos de sa femme ! (Bon, allez, c’est vrai, Jon Snow est d’une blancheur virginale dans cette série, mais c’est peut-être aussi pour ça que je n’ai aucune attache à l’égard de ce type…) Aucun n’est une incarnation de la norme, chacun à sa singularité. Et cela tombe bien car, au fond, dans la vraie vie, personne n’est une incarnation parfaite de la norme. Tout le monde a sa singularité. Bref, ces gars de Game of Thrones, ce sont des gens comme nous. Ces gars là nous ressemblent. Ils nous touchent d’autant plus qu’il y en a toujours un dont la problématique se rapproche de celle de notre quotidien. Qui se sent proche de David Jane parce qu’un serial killer l’empêche de profiter sereinement de sa beau-gosse attitude ? Peu de monde je pense… Qui par contre va se sentir proche de Bran parce qu’il doit gérer une infirmité ? Qui se sent proche de Tyrion car il doit gérer un physique qui lui vaut le mépris ? Qui se sent proche de Sansa qui a l’impression que le meilleur moyen de survivre est de subir ? Qui se sent proche de Jaime qui est perçu comme un odieux personnage pour des actes jugés trop hâtivement ? Pas tout le monde c’est vrai, mais chacun aura le sien. Et cela nous parle pour l’occasion d’autant plus que peu sont les séries qui se risquent à nous solliciter sur ces aspects là de nos personnalités. Game of Thrones est une série d’actualité, bien plus que les autres. Elle parle du XXIe siècle bien plus que toutes les autres. Et le paradoxe, c’est qu’alors que cette série nous invite dans un autre monde, au final c’est elle qui nous donne le plus de clefs pour comprendre les mécanismes du monde réel.

 

 

Une notice pour le citoyen du XXIe siècle…

 

westeros_and_essos_map_google_map.jpgEn fait, si à mes yeux la série fonctionne aussi bien, c’est aussi parce son auteur originel, G.R.R Martin, a bien compris ce qu’on attendait tous, nous, lecteurs ou spectateurs. On vient lire ou voir une série pour fuir l’espace d’un instant la réalité ou la logique de notre monde. On veut se reposer, en s’évadant, des mécaniques de pensée de notre quotidien. Seulement, si d’un côté on recherche la fuite, de l’autre on ne se satisfait que d’une chose : trouver de l’utilité à notre fuite. Pour moi, une chose reste certaine : les œuvres qui ont le plus de succès, et celles auxquelles on reste le plus attaché, restent celles qui nous apportent le plus. Ainsi, paradoxalement, ce n’est pas à l’œuvre la plus éloignée de la réalité qu’on va s’attacher le plus (à moins qu’on aime véritablement nier la réalité des choses, mais dans ce cas là vous devez être un peu triste), c’est à l’œuvre qui nous apporte des clefs de compréhension ou des ouvertures à notre vie de tous les jours. Or, Martin parvient à réussir cela en nous proposant un monde qui semble totalement éloigné de notre réalité (car, après tout Westeros et Essos n’existent pas) mais qui, en fin de compte, est beaucoup plus proche de notre monde et de notre société qu’on ne veut bien le croire à première vue. Les similitudes géographiques sont déjà troublantes. La carte a beau ne contenir aucun toponyme connu, il est quand même bien difficile de ne pas voir dans Westeros autre chose qu’une île qui ressemble vaguement à la Grande-Bretagne, avec son mur d’Hadrien au nord, sa province galloise et son chapelet d’îles à l’ouest et enfin sa capitale au sud-est, installée qu’elle est le long d’un grand estuaire. Si on fait un peu preuve d’imagination, Westeros incarne le Moyen-âge britannique comme Essos renvoie littéralement aux civilisations de l’antiquité orientale. Ainsi Essos ressemble à l’Anatolie, les Dothrakis aux peuples des steppes d’Asie centrale ; le colosse de Braavos reprend littéralement celui de Rhodes (il est d’ailleurs habillé comme l’étaient les hoplites grecs de l’époque), Qarth quant à elle reprend des allures de Venise d’Orient et Meereen se retrouve enfin dotée d’une pyramide qui fait penser à celles de Babylone ou d’Our. Rien de bien fantastique là-dedans, au contraire. Ce monde est en fait le nôtre. Les usages et cultures qui s’y pratiquent ne sont d’ailleurs pas si éloignées des nôtres. N’étaient-ce pas les femmes spartiates qui, telle Daenerys, usaient de leurs charmes pour influencer le pouvoir des hommes ? Et le pauvre Crassus ne s’était-il pas fait couler de l’or fondu dans la bouche par l’empereur des Parthes, comme le fit Khal Drogho sur Viserys ? Non. En fin de compte, Game of Thrones ne nous amène pas dans un monde si différent que ça, avec des coutumes qui nous sont si étrangères que ça. Au contraire, Game of Thrones ne prétend offrir de l’imaginaire uniquement pour qu’on apprenne à appréhender la réalité du monde avec un regard nouveau. Car en fin de compte, les mécaniques sociales et les cultures que cette série cherche à nous faire comprendre, ce sont les nôtres. Game of Thrones, c’est notre monde, c’est notre époque, et la série nous donne des clefs pour la comprendre. En fait, Game of Thrones nous invite à nous découvrir nous, dans toute la brutalité de nos pratiques sociales…

 

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/14/01/31/10/41/101839.jpgQuel monde impitoyable que celui de Game of Thrones ! Tant de violences, de meurtres, de complots… Et tout cela pour quoi ? Pour un simple trône ! Combien se retrouvent pris à leur insu dans cet étrange jeu tout en en subissant les conséquences ! Plus les saisons s’enchaînent et plus une réalité apparait plus clairement : cette mécanique sociale est totalement absurde et ne mène nulle part. Au fond, pourquoi les Targaryen, les Baratheon, les Lannister, les Tyrell, combattent les uns contre les autres pour prendre le trône de fer ? Au fond, tous pour la même raison. Il suffit de regarder la situation de ceux qui ne sont pas installé sur ledit trône. Les Stark, les Arryn, les Greyjoy, les Bolton… Tout ce petit monde vit dans la peur permanente : la peur de voir sa situation se dégrader à cause des ambitions de ceux qui subissent davantage la rudesse du monde. Pour monter, pour survivre, il faut prendre la place de quelqu’un. Quel meilleur exemple pour le comprendre que les motivations de Petyr « littlefinger » Baelish ? Il est le petit seigneur d’un petit fief : il ne peut pas gérer sa seigneurie comme il l’entend ; il se doit d’appuyer la politique des Arryn qu’il réprouve ; il ne peut épouser celle qu’il aime, soit Catelyn Stark, tout simplement parce qu’il n’est pas suffisamment bien né, parce qu’il n’est pas suffisamment influent… Dans un monde de hiérarchie, un monde d’injustice et d’inégalité sociale, le seul moyen de s’en sortir est de faire son trou, c’est de gagner de l’influence ; c’est de piquer des places… Ainsi, ceux du bas luttent pour grimper et ceux du haut craignent de se faire chasser de leur situation. Ainsi se méfie-t-on de tout le monde, fait-on des alliances, se rapproche-t-on des plus puissants. Robert Baratheon veut que Jeffrey épouse une Stark pour barrer le chemin aux Lannister et rééquilibrer la balance des pouvoirs. Les Stark acceptent cette alliance pour bénéficier du soutien royal qui est le meilleur des soutiens. Mais Eddard est peut-être le seul qui comprend depuis le départ le perfidie du système. Se rapprocher du trône, c’est certes se rapprocher de la meilleure des protections, mais c’est aussi se rapprocher de la pire des convoitises. Dès qu’une famille monte d’ailleurs sur le trône, c’est le moment où elle finit par se retrouver au cœur des jeux de convoitises et qu’elle est amenée à périr. Les Targaryen subissent la révolte menée par les Barathéon. Une fois sur le trône, ces mêmes Baratheon vont subirles complots conjugués des Lannister, Littlefinger et autres Tyrell. (et là, attention, spoil de la saison 4) Il n'est finalement pas si surprenant que ça de constater qu'à leur tour, les Lannister subiront le même sort. Il y a d'ailleurs fort à parier que celui qui ravira le trône au lannister finira par subir le même sort... (fin de spoil de la saison 4) Ce jeu est finalement absurde. C’est parce qu’il est pratiqué qu’il se perpétue. Seulement, c’est aussi parce qu’il se perpétue que les participants préfèrent le pratiquer plutôt que d’essayer de l’enrayer. Car, après tout, quiconque cherche à l’enrayer, quiconque cherche à baisser sa garde, le paye généralement de sa vie. Quand Eddard est prêt à bafouer son honneur pour établir un status quo avec les Lannister, Jeffrey le voit comme un signe de faiblesse dont il ne peut pas ne pas profiter. Quand Robb tend la main aux Frey pour entériner les conflits entre leurs deux maisons, lord Frey le voit comme un signe de faiblesse et en profite pour se venger des Stark. Ce monde est cruel. Il n’autorise aucune faiblesse ni aucune compromission. Seulement, Game of Thrones nous explique que seule la compromission pourra apporter l’espoir d’un monde meilleur. Ce jeu est absurde, pourtant chacun pourra y reconnaitre là les règles qui s’appliquent dans son propre quotidien.

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/75/09/69/19624866.jpgNotre addiction à Game of Thrones, on l’a trouve dans ce ton qui enfin nous parle vrai, dans cette histoire qui ne nous projette pas dans un fantasme mais dans la réalité du fait social actuel. Dans notre XXIe siècle, le temps des idéologies a disparu. Désormais, ce qui fait l’Histoire c’est la lutte des intérêts personnels et des intérêts de groupe pour l’accès aux jouissances de ce monde. Game of Thrones est un monde de cul, d’influences et de revirements. Au fond c’est bien résumer notre monde actuel. Et si nous nous intéressons aux problématiques des personnages de Game of Thrones, c’est parce que leurs règles sont les mêmes que les nôtres. On apprend donc avec eux à essayer de naviguer selon nos intérêts et nos sentiments sans risquer l’erreur fatale qui ne pardonnera pas. Ainsi on s’inspire d’un Tyrion qui est tiraillé entre la volonté d’être enfin reconnu par son père et d’un autre côté le désir de tout renier et de rentrer en conflit contre ceux qui ne l’acceptent pas. Ainsi, on peut aussi s’inspirer de Daenerys qui, pour se faire respecter des hommes alors qu’elle n’est qu’une femme fébrile dans ce monde de brutes, doit apprendre à retourner à son avantage les cartes à sa disposition. Personnellement, j’ai été très surpris de constater que, parmi les adolescents qui regardaient cette série, ces deux personnages étaient ceux auxquels ils s’identifiaient le plus. Les garçons appréciaient Tyrion et les filles Daenerys pour leur lutte à trouver leur place. Là où un garçon aime chez le fils de Tywin sa répartie visant à contrer les attaques faites à sa non-conformité à la norme viriliste ; les filles aiment comment la mère des dragons renverse les rapports de pudeur, de gêne et de soumission dans les rapports sexués. Or, il est vrai que Tyrion parvient remarquablement à faire de son petit membre une fierté dans les maisons de joie, idem quand le qualificatif de « moitié d’homme » est scandé sur les champs de bataille comme un titre de guerre honorifique. Quant à Daenerys, elle parvient effectivement, elle aussi, à renverser son rapport de soumission envers Drogo, en passant du rang d’esclave sexuelle devant se débattre vainement à celui de dompteuse charmant et manipulant le grand Khal. Idem quand les maîtres de Yunkaï viennent surprendre la reine lors de son bain. Espérant la gêner par le risque de dévoiler sa nudité, Daenerys retourne le rapport de gêne en sortant de son bain et en se pavanant nue autour des trois hommes qui ne savent plus où se mettre. Au fond, elle est là notre dépendance à l’égard de Game of Thrones. Il n’y a que dans ce monde imaginaire qu’on puisse réellement réfléchir à la meilleure attitude à adopter dans la réalité de notre monde à nous…

 

 

Conclusion : une série appelée à marquer son époque...

 

Alors que le moment est venu de conclure mon propos, je me rends compte à tel point ce que je viens d’écrire au sujet de Game of Thrones me rappelle un autre de mes articles. Il s’agir de celui évoquant le cas de Kick-Ass. En effet, dans cet article, j’avais dit que notre affection à l’égard de Kick-Ass était finalement très révélatrice de ce qu’était notre monde. On aimait Kick-Ass parce qu’il nous montrait que la gentillesse et l’innocent esprit de justice n’avaient plus lieu d’être dans notre monde, que seule la méthode forte pouvait remettre les points sur les « i ». J’avais alors dit que Kick-Ass était le héros que l’on méritait. On ne pouvait avoir ni plus juste, ni plus charismatique. Pour Game of Thrones, c’est un peu pareil. Il ne fallait pas d’attendre à ce que la série qui allait s’épanouir comme vrai phénomène social soit une série plus juste et moins rude que ce Game of Thrones. C’est la série qui correspond le mieux à notre monde, à notre réalité.

 

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/14/06/13/10/25/441159.jpg http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/05/31/20447131.jpg http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/14/05/28/11/20/282218.jpg

 

Alors après, libre à vous de ne pas rejoindre tout ce que je dis là. Sûrement trouverez-vous des séries que vous jugerez aussi phénoménales, mais le seraient-elles vraiment au point qu’on en parle régulièrement au journal télévisé, soit pour annoncer que les serveurs ont planté lors de la nouvelle sortie de saison, soit pour dire qu’il s’agit de la série la plus piratée de tous les temps ou bien tout simplement pour annoncer que l’une des langues de la série va être désormais accessible à quelques hurluberlus ? Moi-même, je reconnais que Game of Thrones n’est pas la série qui me touche le plus, elle m’a même sérieusement gavée lors de sa saison 3 (heureusement la saison 4 a su me réconcilier !). Néanmoins, je me dois de reconnaître que le phénomène est là et que, pour ma part, je n’y suis pas totalement immunisé. je trouve même très intéressant que ce soit cette série là et pas une autre qui s’impose à ce point dans la culture populaire de ce début du XXIe siècle. Que ce soit une série aussi cruelle et rude qui emporte l’adhésion des gens, cela prouve selon moi que les gens ne sont pas dupes de ce qui se passe en ce moment. Ce n’est peut-être d’ailleurs pas un hasard non plus que ce soit quelqu’un qui ait connu la période baba-cool dans sa jeunesse, avec toutes les luttes idéologiques que cela a impliqué, qui nous livre au final un témoignage aussi désabusé de notre époque actuelle. Un monde rude où il n'y a pas de place pour tous ; un monde pétris par des querelles non pas idéologiques mais pûrement d'intérêts personnels ; un monde où les paroles et les sermaents n'ont plus de valeurs et n'engage qu'un temps ceux qui s'en revendique.... En voilà un bien beau monde que celui de Game of Thrones... Le problème c'est que c'est le nôtre... 

 

 


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