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1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 15:04

 

                                                        

 

Mais quelle année 2008 mes enfants ! Quelle année ! C'est vrai qu'elle aura eu ses périodes de creux et que le talent se sera essentiellement concentré dans seulement une trentaine de productions, laissant le reste incroyablement fade et inexpressif. Mais finalement, qu'importe le nombre tant qu'on a l'ivresse ! Une année 2008 qui aura su nous offrir deux périodes assez denses, qu'il s'agisse de ses derniers mois, mais surtout de ses trois premiers – absolument remarquables ! – qui étaient peut-être le final qu'on attendait de 2007 mais qui est arrivé un peu tard. En tout cas, cette année est incontestablement à placer sous le signe de l'Amérique, puisque c'est clairement aux cinéastes d'outre-atlantique que nous devons une si bonne année. Et heureusement qu'ils étaient là nos amis américains car cette année aura été assez morose sur le plan européen et surtout français. Heureusement que le renouveau du cinéma d'épouvante espagnol a su compenser l'éclipse allemande et anglaise de 2008. A déplorer aussi cette année la timidité des productions en provenance d'Asie. A qui la faute ? Aux producteurs asiatiques ou aux distributeurs européens ? En tout cas c'était la croix et la bannière en 2008 pour voir le dernier Kim Jee-Woon, le bon, la brute et le cinglé et pire encore pour Ploy et le Sparrow de Johnnie To, qui m'ont d'ailleurs échappé ! (Mais je n'ai pas abandonné, je finirais bien par les voir, d'une façon ou d'une autre, et vous en serez les premiers informés !) Seul Ang Lee a connu une distribution convenable, mais nul doute qu'il a profité de son dernier succès américain que fut le Secret de Brokeback Mountain. En sera-t-il de même pour son prochain film ? Toujours est-il qu'il est bien dommage que le monde entier n'est pas été convié cette année dans nos salles hexagonales car nos amis d'outre-atlantique ont su placer la barre très haute, et avec quelques chefs d'œuvres d'Asie ou d'Europe, l'année 2008 aurait été sans nul doute exceptionnelle.

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Dans un article récent, où d'ailleurs plusieurs illustres blogueurs d'Allociné ont participé (dont votre serviteur ;)) ce cher Pulp-pl avait entrepris de faire un bilan de ce cher cinéma américain. Il en est ressorti tout ce qui a fait la qualité de cette année 2008 : de l'audace, de la diversité, de la créativité. On critiquera donc autant qu'on voudra l'industrie U.S. du cinéma, il n'empêche qu'au-delà des navets pour lesquels nous savons très bien les concurrencer, ils ont su encore une fois surprendre, innover et surtout séduire grâce à une remarquable maîtrise de la technique au service de l'art. Voici donc pourquoi j'ai mis cet article rétrospectif de l'année 2008 aux couleurs des USA, car c'est d'eux d'où vient la plupart des chefs d'œuvres qui sont sortis cette année dans nos salles.

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« Article rétrospectif » vient-il d'être écrit : une précision s'impose ! Il est vrai que sur ce domaine, il a des articles rétrospectifs de toutes sortes. Je vous invite une fois de plus à faire un tour du côté de Pulp-pl (mais qu'est-ce qu'il est bien ce blog !) pour voir ce que peut-être un vrai article rétrospectif (des pages et des pages pour disséquer l'année… que du bonheur pour trouver des perles qu'on aurait raté). Du côté de DanielOceanAndCo, on privilégie la synthèse en se privant de mots au profit de l'image : tous les films vus cette année par ce cher camarade cinéphile (et il y en a un paquet !) sont classés selon l'échelonnement d'Allociné : du zéro au quatre étoiles, avec un top 10 pour finir. Ici, la démarche se veut intermédiaire, mais l'objectif reste le même : vous conseiller des films qui vous seraient passés entre les doigts afin de combler votre soif d'amateur de bon cinéma, notamment pour ceux qui croient en la magie à domicile du DVD (ou maintenant du Blu-ray !). Pour ma part, cela prendra la forme d'un petit Top 10 de mes plus grands coups de cœur de l'année, suivi sur la page suivante d'une liste complémentaire, non classée ce coup-ci, d'autres films de l'année qui à mes yeux méritent le détour. Pour finir enfin, une petite nouveauté : je me suis permis de faire un rapide coup d'œil sur les réalisateurs ou acteurs qui se sont illustrés cette année et qu'il me semble bon de suivre pour les années à venir afin de passer encore de très bons moments dans nos salles obscures en 2009, 2010 et encore pour longtemps espérons-le !

 

 

 

 

 

Top 10

 

 

 

 

1.  The Dark Knight

 

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Eh oui ! Moi aussi je fais partie de ceux qui ont été frappés de plein fouet par ce second volet des aventures de Batman. The Dark Knight premier de ce classement : pour ceux qui avaient déjà lu cet article l'année de sa parution, c'est peut-être un étonnement car en effet – chose rare – je me suis permis de changer ce classement au début de 2011, intervertissant les deux premières places. Si je débute ma présentation de ce Dark Knight par ce revirement, c'est pour vous montrer à quel point ce film a réussi à me posséder sur le long terme. C'est que l'hésitation de le mettre premier ou deuxième par rapport au film qui suit existait déjà le jour même de la rédaction. Au final j'avais penché pour l'autre film (celui que vous allez découvrir en deuxième position de ce classement) parce que, après tout, il était parfait techniquement et formellement et parce que aussi l'alchimie mise en place pour pauser son ambiance malsaine et feutrée était d'une remarquable subtilité. Voilà donc comment on tranche bêtement entre deux films qu'on adore mais pour des raisons différentes… Seulement voilà, les mois et les années ont passé depuis, et c'est à l'épreuve du temps que mes sentiments se sont clarifiés. Certes, j'adore toujours le film que j'avais autrefois fait trôné en tête de classement et je le regarde encore régulièrement. Seulement voilà, au-delà des reproches que certains pourraient faire à ce Dark Night, comme la complexité et la densité de son écriture par exemple, il n'en reste pas moins que c'est en repensant et en revoyant ce film que j'ai le plus de frisson, que j'ai les émotions les plus fortes. Ce film possède un souffle incroyable, et c'est ce souffle qui au final m'emporte et me le fait faire siéger ainsi au sommet des chefs d'œuvre de cette année.

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Alors – j'imagine bien – tout le monde ne sera pas d'accord sur ce sujet mais je ne serais pas le seul à vous le dire non plus, mais ce Dark Knight, c'est avant toute chose LE film par lequel un auteur de grand talent trouve enfin la renommée qui lui est due : Christopher Nolan. Je ne reviens pas sur le caractère prodigue de ce jeune réalisateur anglais – là encore les articles sur ce blog à ce sujet sont légions – mais j'insiste sur sa remarquable audace lorsqu'en 2004, il est choisi pour redonner de la substance à une saga qui, au cinéma, avait sérieusement pris du plomb dans l'aile. S'il avait surpris et décontenancé tout le monde avec Batman begins, Nolan avançait néanmoins ses pions : il préparait le terrain pour sa révolution du blockbuster. Car The Dark Knight c'est aussi cela : dynamiter les codes d'un genre. Raimi et Singer avaient su donner du cachet avec leur travail respectif sur Spider-man et les X-Men, mais ils n'étaient pas pour autant sortis des clous. Du spectaculaire, de l'héroïsme, des schémas d'intrigue simples et directs : c'est cela qu'on attend d'un blockbuster digne de ce nom. Avec The Dark Knight, le blockbuster se transforme en polar : la scène de poursuite devient une source de tension digne d'un Michael Mann ou d'un James Gray ; le manichéisme simpliste est renversé par un remarquable jeu de tragédies shakespeariennes ; le tout aboutissant au questionnement même de ce qui est pourtant la clef de ce genre : le héros. Brillant, juste, profond, The Dark Knight est un film qui ronge de l'intérieur des mois et des années durant. Il ronge d'autant mieux qu'il est lui aussi une remarquable prouesse technique et artistique : la réalisation de Nolan est époustouflante ; l'écriture est ciselée comme rarement ; et l'interprétation remarquable de clairvoyance. Christian Bale s'éclipserait presque face aux talents combinés de Heath Ledger et Aaron Eckhart qui ont tous les deux réinventé leurs personnages au prix d'un jeu fait de sobriété, de richesse expressive, et surtout de finesse absolument stupéfiant. Mais voilà déjà que ce paragraphe atteint sa taille critique, ce qui oblige au silence, mais surtout à l'invitation – l'invitation qu'on se doit de faire à tous les amoureux de vrai cinéma pour que chacun voit, ou revoit, de ses propres yeux le résultat de ce remarquable travail d'orfèvre.

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2.  No Country For Old Men

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Et voici donc le film qui, en cette année de 2008, rivalise tant dans mon cœur avec le magnifique Dark Knight. Qu'on se le dise bien : à mes yeux 2008 a été illuminé par une bonne dizaine de chefs d'œuvres, mais pour moi il y en a deux qui survolent tous les autres c'est bien Dark Knight et cette merveilleuse œuvre d'art qu'est cette cuvée 2008 des frères Coen : No Country For Old Man. Car c'est bien ce qu'est ce No Country For Old Men : une œuvre d'art. Chacun de nous aura déjà entendu dire une fois dans sa vie que la beauté d'une histoire ne réside pas dans ce qu'elle raconte mais bien dans la manière avec laquelle elle est racontée. Cette sentence, quelle qu'en soit l'origine, n'aura jamais autant trouvé de sens qu'avec ce film des frères Coen. C'est bien simple, il ne s'agit plus ici d'un simple défilement d'images pour raconter une histoire comme la plupart des films se contentent de le faire. Ici, les cinq sens sont sans cesse sollicités : l'histoire nous pénètre au plus profond. Chaque image est un tableau ; un cadre remarquable chargé de détails et de couleurs admirablement agencées ; chaque mouvement est calculé ; le son est sublimé. Un décalage entre le bruit du coup de feu tiré et l'image de la biche touchée suggère la distance. L'écho suggère la vastitude de l'espace. Un bip sonore familier se rapproche de la porte et c'est toute une richesse d'information qui est donnée…

 

Paramount Pictures France Paramount Pictures France Paramount Pictures France

Mais No Country for Old Men c'est aussi se laisser pénétrer par une intrigue incroyablement simple, mais qui prend tout son sens dans la façon dont elle est conduite. C'est le parcours tragique d'hommes qui courent après l'argent jusqu'à un point qui défie l'imagination. Les êtres humains impliqués dans cette course sont à des stades plus ou moins avancés dans l'avilissement de leur personne à cette sacro-sainte dépendance qu'elle la drogue argent. Entre le gentil chasseur qui passe du geste salvateur en apportant de l'eau à celui de risquer la vie de sa femme ; entre la troupe de trafiquants aux allures animales de chiens enragés ; et celui plus inquiétant du fou désincarné et déshumanisé incarné par le remarquable Javier Bardem ; tous perdent progressivement leur âme dans cette quête de l'antégraal. En somme, autour d'une intrigue simplissime s'est construite, par le génie de la forme et du regard artistique, une splendide composition picturale à la subtilité insondable. Voila bien, le grand chef d'œuvre de cette année 2008, et même – osons le dire – un des films à faire entrer dans le panthéon du septième art.

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3.  Wall-E

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A côté des deux ténors de cette année – No Country… et Dark Knight – toutes les autres productions peuvent sembler ordinaires et classiques. Pourtant, il y aurait peut-être encore un film qui est parvenu à nous surprendre cette année, c'est le dernier né des studios Pixar, Wall-E. Des studios Pixar, on connaissait surtout John Lasseter et Brad Bird pour nous pondre des chefs d'œuvres immémoriaux. De son côté, Andrew Stanton, le réalisateur de ce Wall-E, ne s'était jusqu'alors illustré que dans des films plus classiques et aux prétentions plus conventionnelles – pour ne pas dire poliment plus « familiales ». En effet, c'est à lui que l'on doit notamment Mille et une Pattes ou bien encore le Monde de Némo, spectacles plaisants s'il en est, mais pour le moins classiques et ordinaires pour une production Pixar. Et puis 2008 est arrivé et voila que ce cher Andrew nous revient plus décomplexé que jamais avec sous le bras une œuvre incroyablement personnelle. Plus qu'un simple hommage à une certaine forme de cinéma aujourd'hui considérée comme désuète ou peu rentable : Wall-E renoue carrément avec une tradition oubliée et ô combien injustement ! Preuve en est : l'efficacité et le succès remarquable qu'a connu ce film en cette année 2008 !

Walt Disney Studios Motion Pictures France Walt Disney Studios Motion Pictures France Walt Disney Studios Motion Pictures France

Mais quelle est l'essence de cette Wall-E's touch ? Wall-E, c'est le film qui ne parle pas alors que tous les autres films du même genre jacassent à tour de bras. Wall-E, c'est le film qui repose son humour sur ce qui se fait de plus universel : pas besoin de doublage la plupart du temps, tous savent se reconnaître dans les facéties de ce petit tas d'écrous. Enfin, Wall-E c'est dire non aux cahiers des charges habituels avec leurs bestiaires loufdingues dans des décors chamarrés. Le monde de Wall-E est terne, abandonné, cubique, tout comme ce tas de métal qu'est le pauvre Wall-E. C'est la force de ce film de Stanton que de chercher la vie dans le synthétique, de trouver l'émotion dans la froideur de ce qui n'est pas humain, de ce qui n'est même pas vivant. Même s'il renoue avec le conventionnel dans sa seconde moitié, Wall-E est finalement à l'image de toute l'œuvre qu'accomplit Pixar depuis sa création : il ne cherche pas à imiter la vie ou l'émotion ; au contraire, il se contente de la créer. Et c'est bien là le mot qui pourrait résumer à lui seul ce film : la créativité. Or, n'est pas justement dans la créativité que se trouve la véritable essence de l'art ? Si certains en doute encore, qu'il regarde Wall-E et alors ils en seront certainement convaincus.

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4.  Valse avec Bachir

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Au pied du podium de cette année 2008, je me plais à vous faire figurer cette envoûtante valse auquel nous a invité Ari Folman. Elle est envoûtante cette valse car elle sait nous surprendre, elle sait nous séduire, de par son talent et surtout son originalité formelle. Ce n'est pas la première année pourtant qu'on cherche à nous surprendre à se risquer à un témoignage de vie sous la forme incongrue du dessin-animé, déjà l'année dernière, Persepolis nous avec fait le coup. Ce n'est pourtant pas cela qui a empêché à cette valse avec Bachir de trouver son originalité propre et de nous stupéfier à nouveau, repoussant encore plus les limites du cinéma d'aujourd'hui.  Même s'il n'a pas grand-chose à voir avec l'œuvre de Marjane Satrapi, on pourrait néanmoins de ce film deux points communs. Premier point notable de cette Valse, c'est la remarquable créativité visuelle qui ressort de cette forme de démarche. Alors que Persepolis s'était illustré par l'épuration du dessin et du noir et blanc, le film d'Ari Folman se distingue par ses remarquables jeux de couleur, d'ombre et de lumière, d'utilisation de techniques numériques avec beaucoup d'élégance et de maîtrise. Avant tout de chose donc, Valse avec Bachir est une baffe formelle qui subjugue : créative, esthétique, maîtrisée… et surtout dévouée corps et âme au propos véhiculée par l'intrigue.

New Israeli Foundtion for Cinema & Television New Israeli Foundtion for Cinema & Television New Israeli Foundtion for Cinema & Television

Bien évidemment, sans le propos qu'elle se doit de porter et de transmettre, l'excellence formelle serait vaine. Et c'est là tout le souffle de cette valse qui nous entraîne et nous entête au fur et à mesure de ses volutes. Un émigré libanais cherche à se souvenir de la guerre contre Israël à l'époque de son service : un rêve l'obsède mais le souvenir reste enfoui dans les tréfonds de son inconscient. Au travers de cette intrigue, la reconstitution d'un conflit s'opère. Il ne s'agit pas d'en expliquer les raisons, d'en montrer les conséquences, d'apitoyer ou de larmoyer pour gagner le spectateur à une cause. Il y a juste le regard subjectif et tronqué d'un homme sur ce qu'est la guerre. La démarche consistant à en faire un film d'animation ne prend que plus de sens dans la mesure où le regard porté sur des images devenues banales devient possible. C'est toute la démarche de ce remarquable chef d'œuvre qui touche parfaitement à son but.

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5.  Juno

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Arrivé à cette cinquième place de ce classement, certains se diront certainement qu'il ne me plais que de défendre les révolutions de genre au dépend du pouvoir émotionnel de chaque film. Il n'en et rien, car nul besoin de révolutionner le cinéma pour se faire film plaisant, jouissif et remarquable. C'est tout à fait le cas de ce Juno que certains aimeraient classer dans cette catégorie qu'on appelle le feel-good movie. C'est vrai qu'il met de bonne humeur ce Juno ! Cette histoire de jeune lycéenne qui tombe accidentellement enceinte pourrait laisser suggérer une sorte de « comédie de mœurs » comme aiment les appeler les cinéastes français – et c'est vrai que c'est ici l'occasion d'un regard sur les mœurs de la société américaine – mais ce n'est vraiment pas cela que l'on retient quand on veut parler de ce second film de Jason Reitman.

Ellen Page, Jennifer Garner et Jason Bateman. Twentieth Century Fox France Ellen Page et Olivia Thirlby. Twentieth Century Fox France Ellen Page, Olivia Thirlby et Allison Janney. Twentieth Century Fox France

On juge finalement rarement dans ce film : on se contente d'apprécier ces personnages vivifiants aux caractères parfois bien trempé. Juno, c'est un monde où les gens ne se prennent pas la tête et font au plus simple sans se poser trop de question de moralité, et c'est finalement là tout le charme de cette bouffée de fraîcheur de 2008. Une réalisation simple et directe, un humour basé sur un franc parlé qui fait sourire, et une bande originale guillerette qui peint remarquablement bien l'ambiance de film. Enfin, cerise sur le gâteau, on ne peut que se délecter d'une interprétation aussi généreuse, qu'il s'agisse de la pétillante Ellen Page ou bien du truculent J.K. Simmons. Oui : il n'est pas nécessaire de révolutionner le cinéma pour faire un chef d'œuvre du septième art ! Il suffit juste parfois de trouver la note la plus pertinente et de la jouer juste pour toucher en plein cœur.

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6.  Filatures

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Sorti en début d'année et passé totalement inaperçu, Filatures est le symbole de ce que Hong-Kong fait pourtant de meilleur : le film policier. Dans le genre, un réalisateur est passé maître : Johnnie To. Ce ne pouvait être qu'un de ses disciples, Yau Nai Hoi, qui pouvait prétendre le rivaliser en efficacité et perspicacité. Pour une première réalisation, le disciple côtoie ici le maître grâce à un polar remarquablement inventif.

ARP Sélection ARP Sélection ARP Sélection

Les filatures, c'est le quotidien de ces flics de Hong-Kong qui sont chargés de suivre des suspects afin de glaner des informations ou bien tout simplement pour prendre les criminels la main dans le sac. Cette intrigue n'aurait pris que la moitié de sa dimension si Yau Nai Hoi n'en avait pas fait un principe de mise en scène. A l'image du fileur, le spectateur doit accepter l'idée qu'il faut garder de la distance par rapport à sa cible ; il doit accepter de ne pas trop le regarder ; voire parfois de donner le relais à un autre fileur lorsqu'il se sait démasqué. L'immersion est totale, d'autant que l'intrigue sait pousser son principe jusqu'au bout, le tout étant appuyé sur un rythme et une tension qui savent rester au plus haut tout le long du film. Bref, voilà bien un modèle du genre qui est incontestablement un des grands chefs d'œuvre de cette année.

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7.  A bord du Darjeeling Limited

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Rushmore, La famille Tenenbaum et la Vie aquatique sont peut-être des films qui ne vous disent rien, ou que vous avez peut-être vu sans véritablement les apprécier. Pourtant ils sont tous l'expression  de cet esprit atypique qu'est Wes Anderson dont ce voyage à bord du Darjeeling Limited est le cinquième long métrage. Nul doute qu'on pourrait qualifier Wes Anderson de « réalisateur à style » ce qui induit presque immédiatement l'idée qu'il ne plaira pas à tous. Créateur d'ambiance plus que d'intrigues, imageries décalées et galeries de personnages excentriques et presque loufoques : c'est ce qui pourrait décrire le plus simplement l'univers de cet auteur. En tous points, ce Darjeeling Limited respire l'Anderson à plein nez, si bien que le spectateur qui n'a pas été averti peut être surpris. Mais l'avantage avec la surprise, c'est qu'elle peut être agréable !

Jason Schwartzman, Adrien Brody et Owen Wilson. Twentieth Century Fox France Twentieth Century Fox France Adrien Brody, Jason Schwartzman et Owen Wilson. Twentieth Century Fox France

C'est peut-être le plus gros avantage que peut avoir ce Darjeeling Limited, c'est que de par sa destination exotique, l'Inde, il est celui qui nous prépare le mieux au décalage culturel que produit tout film de Wes Anderson. Or, il serait bien dommage de rester extérieur à cette atmosphère remarquable et unique dont ce film est peut-être le plus estimable des représentants. Trois frères chargés de se retrouver dans un périple initiatique et presque ésotérique en plein milieu d'un pays aussi fascinant qu'intrigant. L'œil d'Anderson exagère parfois, magnifie souvent, mais du moins sait apporter ce soupçon d'ivresse ce qui fait de ce Darjeeling Limited l'une des expériences les plus marquantes de cette année à n'en pas douter.

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8.  3h10 pour Yuma

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D'un côté, il y a ceux qui vous diront que 3h10 pour Yuma, c'est avant tout un chef d'œuvre des années 50 et que ce film de James Mangold, sorti en 2008, n'en est qu'une plate remise à jour. « Peut-être »… « Peut-être pas… » : on pourrait en discuter des heures sûrement. Mais en tout cas, une chose est sure : ceux qui, comme moi, n'ont pas vu l'original avant de voir cette mouture 2008, ceux là sont de sacrés veinards ! Pour eux la question comparative ne se posera même pas et ils se délecteront des qualités de ce 3h10 pour Yuma, quelles qu'en soient les raisons et les origines.

Russell Crowe, Peter Fonda, Lennie Loftin, Christian Bale et Chad Brummett. TFM Distribution Logan Lerman et Christian Bale. Lions Gate Films Inc. Christian Bale. TFM Distribution

Quelles qu'ont pu être les qualités de l'original, on ne pourra nier le fait que ce film de James Mangold n'en est pas dépourvu non plus, loin de là. Posant progressivement son intrigue, Mangold sait jouer de l'attraction que jouent les deux personnages principaux de cette histoire, remarquablement interprétés par un Christian Bale très propre et un Russell Crowe des meilleurs jours. Mais ce film ne serait rien sans ses trois derniers quarts d'heure, incroyable bombe à retardement où la tension ne fait que monter dans l'atmosphère d'une fusillade d'anthologie dans l'histoire des westerns. Nul doute, si ce film vous a échappé cette année, vous vous devez de rattrapé ce train de retard !

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9.  Bons baisers de Bruges

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Tous se seront certainement fait cette réflexion en apprenant la sortie de Bons Baisers de Bruges : un film doté d'un tel titre peut-il être sérieux ? Inconsciemment, on se demandait aussi – et fort logiquement – si un tel film pouvait être bon. En tout cas, en lisant ce top 10, vous savez maintenant quelle est mon opinion à ce sujet ! Ce film n'en est d'ailleurs que d'autant plus remarquable qu'il est surprenant dans son principe. Deux tueurs à gage anglais se doivent de se planquer à Bruges sur ordre de leur patron. Ce qu'ils ne savent pas encore, c'est qu'on va demander à l'un d'eux d'exécuter l'autre. Et ainsi commencent les péripéties de nos deux anti-héros…

Colin Farrell. SND Brendan Gleeson et Colin Farrell. SND Clémence Poésy et Colin Farrell. SND

La force de ce Bons baisers de Bruges, c'est qu'il sait parfaitement ce qu'attend un spectateur sensé qui décide de payer sa place pour voir un film de règlements de compte. Il sait que Bruges n'est pas du tout un cadre approprié pour ce type de film, alors il va en jouer. Il sait que deux tueurs à gages qui doivent attendre pour se planquer ce n'est pas ce qui nous passionne le plus dans la vie des tueurs à gage ; alors ce sera le sujet. Pour une première réalisation, Martin McDonagh s'en tire avec les honneurs car, tout novice qu'il est, il montre sa grande maîtrise des codes et sa faculté à les déjouer pour notre plus grand plaisir. Car, c'est bien là l'essentiel de ce film : le plaisir. N'en cachons rien, ce règlement compte qui vire au fiasco et au ridicule prête souvent à sourire, et carrément à rire dans sa seconde moitié. Drôle, stylisé, et surtout très malin. Ce Bons Baisers de Bruges a vraiment tout pour plaire.

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10.  Tonnerre sous les tropiques

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Tonnerre sous les tropiques, un film de l'année ? J'en vois déjà certains tiquer face à cette comédie burlesque qui n'a pas peur d'utiliser l'humour facile et gras. Et alors ?!! C'est justement la force de l'humour de Ben Stiller de savoir marier l'humour basique à l'humour élaboré ; de combiner le burlesque trash avec le burlesque abstrait. Faire rire est un art très subtil qui nécessite un véritable savoir-faire. Stiller en use et en abuse pour ces tonnerres sous les tropiques. Très maîtrisé formellement, le comique issu du Saturday Night Live profite de ce talent pour enrichir jusqu'au bout sa grande blague. Ne serait-ce que pour les fausses bandes annonces, le film vaut grandement le détour.

Brandon T. Jackson, Ben Stiller et Robert Downey Jr.. Paramount Pictures France Nick Nolte et Danny R. McBride. Paramount Pictures France Robert Downey Jr. et Ben Stiller. Paramount Pictures France

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Pour d'autres films et d'autres classements,

=>> Veuillez tourner la page !

 

 

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commentaires

N
Salut startouffe,<br /> <br /> Comme on en avait parlé, voivi mon top 10 : <br /> <br /> 1 Juno<br /> 2 J'ai toujours revé d'être un gangster<br /> 3 Bons Baisers de Bruges<br /> 8 Le premier jour du reste de ta vie<br /> 4 Paris<br /> 5 Wall-E<br /> 6 J'irai dormir à hollywood<br /> 7 Darjeeling Limited<br /> 8 Grace is gone<br /> 9 Into the wild<br /> 10 Australia<br /> <br /> Quelques autres que je ne mets pas dans le top : <br /> No country for Old men, Dark knight, Soyez sympa Rembobinez<br /> Tonnerre sous les tropiques, Vicky Christina Barcelona<br /> Le voyage au pyrénées, Jeux de Dupes
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S
Vraiment étrange d'avoir des goûts aussi semblables (No country, Wall-E, In Bruges) et d'autres aussi opposés : TDK, Darjeeling, Tropic thunder et 3h10 pour Yuma qui est carrément un western foutoir invraisemblable. "La bombe à retardement" comme tu dis se transforme carrément en pétard mouillé. C'est bien regrettable.
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