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1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 16:08

è Mais aussi...

 

18796489.jpg J'ai toujours rêvé d'être un gangster

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Certains osent reprocher à Samuel Benchetrit d'avoir fait du cinéma à l'américaine avec ce J'ai toujours rêvé d'être un gangster. C'est vrai qu'à certains égards, il y a dans ce film l'idée de faire un Pulp fiction à la française. Et alors ? Le cinéma n'a pas de nationalité, l'art est universel. Et c'est mal regarder ce film que de dire qu'il est vendu à la solde du cinéma américain. Au contraire, voila un joli regard sur le cinéma de genre, sur la France d'aujourd'hui, et sur les gens tout simplement. J'ai toujours rêvé d'être un gangster est une déclaration d'amour aux trois à la fois. Dommage qu'il soit ainsi segmenté car les histoires qu'ils proposent sont toutes pertinentes et attachantes. Bref, voila un excellent film à n'en pas douter.

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18949329.jpg Le premier jour du reste de ta vie

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Au milieu de tous ces films français qui se vantent à tout va de faire du « cinéma social » ou de la « comédie de murs », il y a cette petite pépite qui brille au fond du marais : Le premier jour du reste de ta vie. Certes, on n'évite pas les écueils habituels au genre, mais néanmoins, on ressent enfin dans ce film la volonté de raconter une histoire, de nous présenter des personnages, de nous faire partager des moments. Au-delà des conventions que le film respecte, il y a cet aspect intimiste et sincère qu'on ne rencontre que très peu dans les productions hexagonales. Sur certains points d'ailleurs, ce Premier jour du reste de ta vie n'est pas sans nous rappeler l'excellent C.R.A.Z.Y. A mes yeux, c'est là le meilleur film français de cette année.

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18913305.jpg Deux jours à tuer

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Des productions hexagonales, j'en retiendrais trois, et voici donc la dernière : Deux jours à tuer de Jean Becker. « Oulà ! Film de Jean Becker ! Interdit aux moins de 45 ans ! » diront certains médisants. Il est vrai que, bien que toujours très honnête dans ses films, Jean Becker pèche souvent dans sa nostalgie « vieille France à quatre sous ». Eh bien justement, mettons d'autant plus en avant ce Deux jours à tuer qu'il est certainement le film le plus mature et oserais-je dire le plus « moderne » de cet auteur. Albert Dupontel campe un quadragénaire en pleine crise : aigri, agressif et compulsif. On suit avec beaucoup d'empathie cette révolte d'un homme contre le train-train que tous nous connaissons, quelque soit notre âge et notre situation. Enfin Becker voit large et étend son regard sur des thématiques plus universel, et autant dire que tout spectateur pourra enfin profiter de cette sincérité propre à cet auteur. Plus fouillé dans la construction de l'intrigue, plus accrocheur aussi, voila un Jean Becker conquérant, qui cherche à séduire et à capter l'attention. Mission réussie en tout cas, car s'opère dans ces Deux jours à tuer un très bel amalgame entre la sincérité propre à l'auteur et le souci d'efficacité. N'en ressort que l'émotion. Deux jours à tuer : un film qui mérite d'être vu, incontestablement.

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18900740.jpg Soyez sympas, rembobinez

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Plus vraiment Français, pas vraiment Américain non plus ; Michel Gondry fait partie de ces réalisateurs à style dont on attend avec impatience chaque nouvelle uvre. La production « gondrienne » de 2008 a gardé toute la saveur de l'esprit rêveur et créatif de Michel Gondry, néanmoins il est peut-être plus accessible que les autres, se pliant plus facilement aux codes classiques du cinéma américain. Au cur de ce film, un video-club qui ne propose que des vieilles VHS et non pas les dernières nouveautés en DVD. Le manque de clientèle et la vétusté du magasin menacent déjà le club de fermeture, mais comble de malheur ! ne faut-il pas qu'un accident électro-magnétique efface toutes les cassettes ! Qu'a cela ne tienne : ces deux lurons que sont Jack Black et Mos Def vont refaire les films un par un, avec les moyens du bord ! Véritable déclaration d'amour aux vieux films destinés au grand public d'hier et d'aujourd'hui, ce Be kind, rewind fait aussi l'apologie du film bricolé et de la créativité au travers d'une multitude de remakes faits de carton et de chatterton, tous à mourir de rire. Du très bon Gondry donc, et qui plus est sûrement le plus accessible.

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18982308.jpg Vicky Cristina Barcelona

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« Encore un Woody Allen ! » pourraient se dire certains cinéphiles lassés. Pourtant reconnaissons lui une grande créativité et un talent certain pour rompre les conventions. Pour ce qui est de ce Vicky Cristina Barcelona, deux réactions extrêmes sont possibles : soit on reste insensible au propos développé et ne trouvera rien de spécial à ce film, voire on s'y ennuiera fermement ; soit on se sent tout de suite concerné et là c'est la délectation absolue. C'est que, dans ce film, Allen ne s'ennuie pas des conventions qui régissent habituellement les histoires sentimentales : un commentaire en voix off expédie la présentation des personnages en une minute montre en main et on passe au vif du sujet tout de suite ! Or, ce qui séduit énormément dans ce Vicky Christina Barcelona, c'est ce goût à dynamiter les conventions sociales, notamment celles qui régissent les relations amoureuses. Ce qui séduit, c'est de voir Javier Bardem rentrer dans le vif du sujet au bout d'à peine cinq minutes de film. Ce qui séduit, c'est de le voir aller demander à Scarlett Johansson et à Rebecca Hall si elles veulent bien passer un week-end torride et érotique en sa compagnie. Proposition déplacée ? « Et pourquoi donc ? » nous demande l'ami Woody En somme, il serait bien dommage de se sentir lasser à voir chaque Allen annuel, car cette cuvée 2008 propose un spectacle aussi percutant que plaisant.

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18888815.jpg L'orphelinat

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Cette année était l'année du cinéma d'épouvante espagnol. A ce sujet, alors que tout le monde vous bassinera avec [REC], un film certes plaisant mais à « l'horreur facile » et ne révolutionnant rien au genre, on oubliera peut-être de vous parler de l'Orphelinat alors qu'il était pourtant bien plus subtil et de qualité bien meilleure. Malgré tout, à bien des aspects, cet Orphelinat réalisé par Juan Antonio Bayona reprend beaucoup de ficelles des classiques du genre : portes qui grincent, manoirs lugubres, petites vieilles flippantes et ésotérisme de tous bords Les clins d'il sont d'ailleurs nombreux : aux Autres d'Alejandro Amenabar pour commencer (production exécutif de cet Orphelinat soit dit en passant), mais aussi au Shining de Kubrick en passant par les Deux Surs de Kim Jee-Woon. Classique certes, mais ce qui ne lui empêche pas d'être subtil et original par bien des points. Très vite, cette recherche menée par une mère de son enfant disparu dans un ancien orphelinat va se transformer en remarquable jeu de fausses pistes. Parfois, la mise en scène nous suggère un grand frisson et on se prépare à sursauter ; pourtant rien ne se passe et on reste crispé. Inversement on nous faire croire que le pire et passé et on nous prend par surprise : frisson garanti. Et puis surtout, cet Orphelinat nous captive parce que Bayona sait habilement mélanger les codes, notamment au travers d'un bénin « Un, deux, trois, soleil » à glacer le sang. Il sait aussi se servir de la force de l'intrigue pour donner du relief à son épouvante. Nul doute, l'Orphelinat mérite amplement le détour et une place de choix dans le palmarès des films d'épouvante.

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18897680.jpg The Mist

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Toujours dans le registre de l'épouvante, il est passé inaperçu ce Mist de Frank Darabont et c'est bien dommage ! Perdu dans une petite ville bien tranquille du nord des Etats-Unis, voila qu'un brouillard menaçant surprend de pauvres gens bien ordinaires et les oblige à se cloîtrer dans le supermarché dans lequel ils se trouvaient jusqu'alors. Plus qu'un remarquable huis-clos à l'ambiance oppressante et horrifique, le film peut également s'appuyer sur une atmosphère proche des films de John Carpenter auxquels il est d'ailleurs fait de multiples références. Mais ce film prend vraiment du relief grâce à son final remarquable, aussi bien sur le plan visuel qu'au niveau de l'audace scénaristique. Quel dommage de passer à côté d'un tel film ! Quel dommage ! Amoureux du cinéma, vous savez ce qu'il vous reste à faire !

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18885179.jpg Les cerfs volants de Kaboul

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Par bien des points il peut paraître classique ces cerfs volants de Kaboul, et il est vrai qu'il fait parti de ces films qui cherchent parfois à se cacher derrière une cause d'actualité qu'il entend défendre. Pourtant il y a dans ce film une véritable humanité, une réalisation soignée et une authentique sincérité. On pourrait lui reprocher d'en faire un peu trop dans son dernier tiers, mais dans l'ensemble cela ne gâche pas le résultat final. En somme donc, ne fuyez pas ce film de peur de tomber sur un déluge de pathos moralisateur concernant la situation actuelle en Afghanistan car ces cerfs volants de Kaboul parviennent à l'éviter pour l'essentiel. Ce film est avant tout un film sur l'humanité plutôt qu'un simple film sur l'Afghanistan. Il est donc précieux, et mérite pour plus d'une raison qu'on s'y attarde

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18985336.jpg Blindness

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S'il n'y avait pas eu Fernando Meirelles à la caméra, sûrement ne me serais-je pas risqué à voir ce Blindness, tant il semblait se contenter de reprendre le filon déjà surexploité des 28 jours plus tard et autres I Am Legend. Paradoxalement, cette idée résume à elle seule ce qu'est en définitive ce Blindness : un film qui se contente de reprendre le filon des 28 jours plus tard et consorts, mais le tout sublimé par la réalisation de Meirelles. Dommage d'ailleurs qu'on soit si rodés aux codes de ce genre d'histoires car le manque d'originalité du dénouement de Blindness fait retomber le soufflet. Il n'en reste pas moins ce qui fait la qualité irréfutable de ce film : une réalisation et une mise en scène percutantes qui permettent une immersion immédiate ; mais aussi et surtout une lecture remarquable du processus d'aliénation et de déshumanisation progressives que peut connaître une société confrontée à une déstabilisation brutale et soudaine. Rien que pour ces deux énormes qualités, Blindness sait marquer les esprits et mérite donc qu'on s'y attarde.

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18968286.jpg "C'est dur d'être aimé par des cons"

On les laisse toujours plus ou moins de côté ces « films-docu » ; ils ont d'ailleurs parfois leur propre catégorisation que ce soit dans les festivals que dans les rayons des magasins. Dommage, car si on défend souvent, ici ou là l'idée, que le cinéma possède une dimension intrasèque « d'utilité sociale » (les lecteurs qui me connaissent savent sûrement à quel point j'ai une sainte horreur de ce mot), il est assez illogique de laisser de côté ce genre de documentaires qui, loin de s'ancrer dans une actualité temporaire et périssable, touche au contraire à une question essentielle et universelle : l'exercice de la tolérance. Et là où certains artéfacts filmiques se désincarnent totalement en cherchant à se donner des allures de documentaires du « vrai », "C'est dur d'être aimé par des cons" parvient lui à montrer comment le documentaire appelle au contraire à une véritable construction subjective de son sujet pour aboutir là où ils veut en venir. En l'occurrence, ce film mérite justement qu'on s'y attarde car il échappe à ce qu'on aurait pu craindre de lui, c'est-à-dire une panégyrique de Charlie Hebdo, une hagiographie de Philippe Val, ou bien tout simplement un pamphlet athéiste et misérablement provocateur. Ce film n'est rien de tout cela Au contraire, il parvient avec beaucoup de malice et de talent à nous délivrer un message subtil, intelligent, et fort à la fois.

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19011400.jpg Australia

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Parmi les autres grands noms du cinéma qui ont marqué cette année d'un de leur film, difficile de ne pas évoquer Baz Luhrmann qui, depuis son Moulin Rouge, n'avait plus vraiment fait parler de lui. Encore une fois, les avis sont partagés sur ce film. Certains reprocheront à cet Australia d'être plus contenu et moins déchaîné que les précédents films de cet auteur ; pour moi c'est une évolution plaisante à voir car elle enrichit son panel et s'adapte mieux à cette histoire d'épopée romanesque. Certains reprocheraient aussi à l'auteur de faire dans la mièvrerie dégoulinante, dans le décor de carte postale, dans le pompier violoneux Personnellement, je trouve que cet excès est un mal pour un bien tant elle permet l'exaltation et l'expression de ce réalisateur sincère qui a fait son film avec le cur. Certes, le film est trop long, trop haché pour nous combler parfaitement, néanmoins il garantit des moments de poésie et de magie devenus suffisamment rares ces temps-ci pour ne pas nous laisser indifférent. A qui saura s'y ouvrir, cet Australia fera des heureux.

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18869263.jpg Lust, Caution

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Propre aux réalisations d'Ang Lee, ce Lust, Caution entend démarrer posément pour monter progressivement en prégnance. A dire vrai, le seul reproche que l'on pourrait faire à ce film est son titre un brin racoleur, car finalement il ne correspond pas vraiment à l'esprit ici développé. En pleine occupation japonaise, une Chinoise se risque à devenir la maîtresse de l'ennemi pour le compte de la résistance. Si le thème est finalement le même que le merveilleux Black Book de Paul Verhoeven, Lust, Caution s'en distingue néanmoins par le traitement qui en est fait. Ici, Ang Lee s'intéresse plus à un aspect particulier de la nature des relations entre hommes et femmes plutôt qu'à la situation de guerre en elle-même. Subtil et sobre comme à l'habitude de cet auteur (oublions Hulk), le film est une fois de plus riche en émotion et sait magnifier son duo d'acteur : Tony Leung et Tang Wei.

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18869163.jpg Into The wild

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Histoire de remettre les pendules à l'heure avec ceux pour qui j'ai eu l'occasion de discuter de ce film, je n'hésite pas à faire figurer Into the Wild dans cette liste des meilleurs uvres de 2008. Certes, je lui reproche cet aspect démago vraiment dérangeant. Certes, j'ai vraiment du mal avec cette démarche facile à aligner les cartes postales et avec cette complaisance qu'à Sean Penn de présenter son héros comme un Christ des temps modernes Néanmoins, même si toute le ressort du film repose sur cette dimension « histoire vraie », il n'empêche que cet Into The Wild possède un véritable charme, une efficacité, et parfois même une certaine charge émotionnelle. Il fait donc partie pour moi de ces incontournables de 2008.

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18991611.jpg Burn after reading

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Un peu éclipsé et méprisé à cause du succès du précédent film des frères Coen (No Country for Old Men, excusez du peu !) ce Burn After Reading n'a peut-être pas connu l'intérêt qu'il aurait du connaître. Pourtant, par ce film, les frères Coen rappelle bien la richesse de leur univers en renouant avec l'humour noir de Fargo et la galerie de personnages absurdes qui nous rappelle un peu The Big Lebowski. Certains voudront absolument y voir un sens, une compréhension, une logique elle existe mais comme elle est noyée dans l'humour de l'absurde propre à ce film, certains resteront sur leur fin et ne sauront quoi en penser. Ne nous leurrons pas à juger ce dernier Coen pendant qu'on le découvre et apprécions le plutôt pour ce qu'il est : une merveilleuse comédie noire où chaque acteur s'en donne à cur joie. Une perle du genre à découvrir.

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18944269.jpg Kung-fu panda

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Enfin, on finit toujours par une petite note de soleil, et pour une fois elle vient de Dreamworks Animation ! Certains me diront sûrement : « Eh alors ? C'est du bon Dreamworks Animation ! Ils ont fait Shrek ! ». C'est vrai, mais personne ne me contredira que depuis, la petite notification « par les créateurs de Shrek » n'était pas devenue annonciatrice de bonnes choses, surtout depuis Gang de Requins et Madagascar Entré dans la salle obscure à reculons face à ce nouveau bestiaire désincarné, j'avoue qu'en sortant il m'a fallu rendre au panda ce qui appartenait au panda. L'humour et le bon ton sont ici ressuscités, et de la plus belle des manières ! Jouant de l'image d'Epinal concernant la Chine et le kung-fu de la plus façon la plus joussive, Kung-fu Panda réussit déjà amplement le pari de l'immersion, domaine dans lequel la plupart des productions d'animation peine en ce moment. Il faut dire que l'ambiance s'appuie à la fois sur un visuel exceptionnel et une bande originale de Hans Zimmer parfaitement dans le ton. S'ajoute à cela un humour très calibré et un souci de faire une fable épique de qualité : tout concorde pour que le plaisir soit complet. C'est bien simple, il y a d'un côté les « films d'animations destinés aux enfants » comme certains les dénigrent, et il y a de l'autre côté les « vrais films ». Vous l'aurez compris Kung-fu Panda fait partie de la seconde catégorie et c'est l'un des plus plaisants sourires de 2008 !

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Quelques figures de 2008 à suivre pour 2009

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1.Le réalisateur Christopher Nolan. Warner Bros.     2.1230826841_ellen_page.jpg     3.Paramount Pictures France

         Christopher Nolan           Ellen Page                 Javier Bardem

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Celui qui a véritablement éclaboussé de son talent l'année 2008, c'est incontestablement Christopher Nolan, celui qui s'est totalement réapproprié Batman pour en faire ce chef d'oeuvre millimétré qu'est The Dark Knight. Enfin reconnu comme un grand, nul doute que maintenant son prochain film (The Exec) ne sortira pas dans l'indifférence, voire le mépris général. Une autre figure rayonnante de 2008 dont on va attendre avec impatience qu'elle refasse parler d'elle c'est la belle Ellen Page. Maintenant qu'elle connaît la consécration, pour sûr que des projets très intéressants vos s'offrir à elle et lui permettre ainsi d'exprimer son indéniable talent. Enfin, on l'oublierait presque, mais avant No country for old men, Javier Bardem était presque un total inconnu dans le monde, à peine connu pour sa belle prestation dans Mar Adentro. Cette année a été celle où il a su exprimer deux facettes incroyables et totalement antagonistes dans deux chefs d'uvre de 2008 : le psychopathe chez les frères Coen et le ténébreux séducteur chez Woody Allen. Trois grands talents enfin reconnus en cette année de 2008, nul doute que 2009 leur rendra l'honneur qui leur est dû.

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     6.AlloCiné               5.Haut et Court         4.Aaron Eckhart. Warner Bros.

    Wes Anderson              Samuel Benchetrit              Aaron Eckhart

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Autre artiste qui a su révéler son véritable talent au travers du joyau 2008 que fut The Dark Knight, c'est Aaron Eckhart. Non pas qu'il était un acteur sur la touche avant ce rôle, mais certainement pensait-on de lui que ce n'était qu'un acteur à gueule pas mal « bankable ». Avec la subtilité qu'il a mis dans son interprétation d'Harvey Dent, personnage pourtant incroyablement codifié, nul doute que ce talent enfin mis enfin au grand jour va lui faire s'ouvrir de nouvelles portes pour notre plus grand plaisir. Mais il n'y a pas que chez les acteurs que des talents qu'on pensait confirmé nous ont surpris en passant un cran au dessus. C'est aussi le cas de certains réalisateurs dont les deux plus notables sont sûrement Samuel Benchetrit et Wes Anderson. Chacun dans leur style, ils ont su pousser leur art et leur finesse de réalisation à un niveau inespéré. Nul doute que je ne serai pas le seul à attendre avec impatience 2009 ou 2010 pour voir jusqu'où ces trois grands artistes seront capables de pousser leur talent

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7.Metropolitan FilmExport            8.1230829678_bezancon.jpg            9.Rezo Films             10.1230829906_luhrmann.jpg

  Emile Hirsch    Rémi Bezançon      Vahina Giocante     Baz Luhrmann

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Enfin, quatre autres noms qui m'ont tapé dans l'il cette année et dont je vous conseille de suivre attentivement la carrière. C'est tout d'abord Emile Hirsch qui, au-delà de son passage fantomatique dans Speed Racer, m'a surtout subjugué dans Into The Wild pour lequel il a obtenu un rôle idéal pour lancer une grande carrière. 2008 a été aussi l'année de la confirmation pour Rémi Bezançon : réalisateur sincère dans ses films et plutôt doué dans sa mise en scène ; nul doute que j'irai voir son prochain projet. Je ne peux m'empêcher de souligner également la très surprenante prestation de Vahina Giocante dans Secret Défense. Sans la connaître, je me l'imaginais comme une simple poupée plastique qui devait faire beau à l'écran. Mais après avoir vu sa prestation dans le film de Philippe Haïm, je l'ai trouvé très juste dans un rôle qui pourtant n'avait rien d'évident tant il manquait a priori de relief. Enfin, on le connaît mais je ne peux m'empêcher de dire que le travail de Baz Luhrmann en cette année 2008 fait aussi partie de ceux qui me font le plus attendre sa prochaine production. Non pas qu'Australia soit un chef d'uvre de maîtrise, mais le fait qu'il ait démontré qu'il savait faire autre chose que des comédies musicales à la réalisation souvent épileptique me fait espérer en l'avenir. Bref, voila quatre noms qui peuvent nous surprendre dans les années qui viennent.

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Ils ont aussi illuminé 2008

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                                    Heath Ledger. Warner Bros.

                                         Heath Ledger

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S'il n'avait pas connu la fin tragique qu'on lui sait, nul doute qu'à seulement 28 ans, et après un rôle aussi mémorable dans The Dark Knight, Heath Ledger aurait figuré en tête de la précédente liste. Il est évident que certains penseront que le déluge de récompenses qui attend sûrement Heath Ledger lors des cérémonies à venir sera sûrement lié à un esprit de condoléance et d'éloges funèbres. J'espère que malgré tout cela on sera aussi voir dans cette reconnaissance cérémonial la réalité d'une performance d'acteur comme il n'y en a rarement eu. La performance est d'autant plus décuplée qu'elle relevait du défi. Interpréter le Joker : personnage de comic-book à mille facettes et auquel Jack Nicholson avait déjà donné vie. Comment se risquer, ne serait-ce qu'à la comparaison, face à un tel acteur ? Ledger aurait pu se cacher dans la facilité du mimétisme ou de la surenchère, mais il a eu l'audace et le talent de faire volte-face.  Alors que Nicholson avait donné à ce personnage des traits et une attitude digne du cartoon, tout dans l'exubérance, voila Heath Ledger qui donne dans la sobriété. Pas de grimace, pas d'élévation de voix nasillarde, pas de geste clownesque ; seulement un homme au regard perturbé et perturbant, à la parole posée et envoûtante digne du plus perfide des serpents. Le clown fait peur. Il fait peur non pas parce que ses gestes sont dénuées de toute logique ou parce qu'il adopte une attitude anormale : rien de cela. Le clown fait peur justement parce que ses gestes sont rares et deviennent dès lors riches en suggestion. Il suffit d'un simple regard, il suffit d'une langue qui lippe sur ses lèvres tel un tic, pour craindre le déchaînement brutal et soudain de la folie sanguinaire du Joker. Gordon est fait commissaire, tout le monde applaudit et c'est la joie ; mais quand c'est au Joker de frapper dans ses mains, l'effroi gagne tout un chacun. Voila la force de l'interprétation de Ledger. Il ne donne pas dans le mimétisme oscarisant des biopics, il envoûte par la création d'un corps, d'une âme, d'un être, que nul ne parvient à cerner et reconnaître totalement. Voila, la véritable « incarnation » de ce que peut être un personnage.

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ralphfiennes.jpg     Buena Vista International  Ethan et Joel Coen sur le tournage. Paramount Pictures France Fox Searchlight Pictures

Ralph Fiennes   Adrien Brody        les frères Coen        Jason Reitman

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Parmi les valeurs sures qui ont fait de cette année 2008 une année d'allégresse, on pourra remercier Ralph Fiennes pour son exceptionnelle performance d'acteur dans Bons baisers de Bruges ; sa partition fut l'un des meilleurs moments de cette année. Adrian Brody a lui aussi été remarquable dans Darjeeling Limited : son jeu corporel dans ce film nous prouve au combien à quel point la parole est parfois superflue. Enfin, derrière la caméra, les frères Coen se sont une fois de plus posés comme une valeur sure du cinéma mondial en nous pondant deux chefs d'uvre dans la même année. Et que dire de Jason Reitman, qu'on aurait pu citer dans les dix personnalités à suivre en 2009 (bah oui, mais si on l'avait cité cela aurait fait onze !) : Juno a vraiment été une perle rare de cette année.

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Warner Bros.          United International Pictures (UIP)      1230832404_roger-dumas.jpg     Corbis Sygma

 Robert Downey Jr      Julianne Moore       Roger Dumas       James Newton Howard

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Autre valeur sure qui nous a assuré une très bonne année 2008, c'est Robert Downey Junior. Déjà exceptionnel dans Zodiac l'année précédente, il se surpasse dans Tropic Thunder, et cela dans un registre totalement différent. On pourrait aussi signaler sa présence dans Iron Man : c'est elle qui sauve d'ailleurs ce film du naufrage. Autre interprète qui a aussi porter un film sur ses épaules, c'est Julianne Moore qui a donné toute sa dimension à Blindness. Après les fils de l'homme, cette actrice démontre à quel point elle sait aujourd'hui reconnaître les perles rares. On ne pourrait pas aborder cette année de « grandes figures » sans citer également un de ces innombrables acteurs de génie qui ont officié dans J'ai toujours rêvé d'être un gangster. J'aurais pu citer Serge Larivière, grandiose en kidnappeur poupon, mais je cite finalement le remarquable Roger Dumas, sûrement l'acteur à qui Benchetrit rend le plus hommage en lui donnant le plus beau des rôles dans ce film au combien méritoire. Et je ne pourrais finir ce tour des grandes figures de 2008 sans évoquer un compositeur. Ils sont souvent méprisés alors qu'ils participent en grande partie à la réussite de nombreux chefs d'uvre. Pour le coup, je n'hésite pas à évoquer deux grands noms, Hans Zimmer et James Newton Howard, qui ont collaborés tout deux pour ce qui a été la bande originale de l'année : celle de The Dark Knight (en concurrence peut-être avec celle de Darjeeling Limited, mais dans un tout autre registre) Oppressante, riche, diversifiée, et sachant surtout porter ce souffle épique sans tomber dans la cascade de cuivre et de percussions très « ploum-ploum », elle est une remarquable remise à jour de celle de Batman Begins qui était pourtant déjà merveilleusement aboutie

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En tout cas, merci à tous ces hommes et toutes ces femmes ces artistes du septième art et merci pour tous ces films qui ont fait de cette année 2008 une année riche en expériences et en émotions. En somme, merci au cinéma d'être en souhaitant qu'il nous permette d'enrichir notre perception du monde et des choses pour  encore des siècles et des siècles !



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