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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 11:18
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Ralalah ! Ca y est ! J'ai le virus ! Moi qui n'étais pas trop partisan des classements en tout genre sous prétexte qu'on ne pouvait pas décemment juger des films qui n'ont pas les mêmes qualités et les mêmes prétentions voilà que la fièvre des tops me prend ! Après celui de 2006 et de 2007, je boue d'impatience que l'année 2008 se finisse pour faire un nouveau classement ! Mais l'année est encore longue, donc je me rabats vers le passé et vous propose un classement des films de 2005 !

S'il me plait tant à vous proposer ce top 2005, c'est non seulement parce que j'en suis venu à me dire que ces classements en tout genre permettaient de promouvoir des films et de vous ouvrir à certaines découvertes à condition bien sûr que ce classement ne prenne pas des proportions extrêmes mais aussi parce que 2005 était une année où je notais encore assez rugueusement, si bien qu'aucun des films que je vais vous présenter ici n'avait obtenu alors 4 étoiles. Personnellement, c'est donc aussi un peu pour me rattraper sur cette année pourtant riche en grands films que je me suis permis un tel article, mais pour vous c'est surtout l'occasion d'avoir un aperçu rapide de ce que vous auriez peut-être aimer voir et qui vous ont échappé. J'espère donc que ce nouveau classement saura remplir son rôle et vous ouvrir de nouvelles portes vers cet art somptueux et si riche qu'est le cinéma.



Le Top 10


1. TFM Distribution Match Point

A mon sens, s'il y a bien un film qui a marqué cette année 2005, c'est bien celui-là. Film de l'année parce que, tout d'abord, c'est une magnifique surprise de la part d'un réalisateur si prolifique que Woody Allen. Sachant se faire sobre, son ton cassant n'en est que plus sec, et voilà alors que cette comédie noire prend des allures subtiles de tragédie. En ce sens, le fait que le film prenne lieu et place en Angleterre n'est pas tout à fait un hasard car en effet, ce qui caractérise au mieux ce Match Point, c'est son raffinement. Cela n'en fait que mieux ressortir sa cruauté latente.

Jonathan Rhys-Meyers et Matthew Goode. TFM DistributionEmily Mortimer et Jonathan Rhys-Meyers. TFM DistributionScarlett Johansson. TFM Distribution

Car oui, au fond ce Match Point séduit parce qu'il n'a jamais aussi bien cerné l'esprit d'une société : à la fois cruel, et surtout joliment immoral. La fin nous scandalise d'ailleurs presque, mais au fond c'est ainsi qu'elle nous amène le plus à réfléchir. En renouvelant ses codes donc, Allen n'en fait que mieux ressortir les qualités auxquelles il nous avait tant habitué. Mais rassurez-vous nul besoin de connaître sur le bout des doigts la pléthorique filmographie du cinéaste new-yorkais pour apprécier ce joyau ; bien au contraire. La réalisation est tellement maitrisée, le ton tellement mesuré, qu'on ne peut que tomber sous le charme de ce film au souffle si particulier tant il semble s'affranchir des artifices habituels pour ce genre d'histoire. Un film a découvrir de toute urgence donc, si cela n'a pas déjà été fait.


2. 18414801.jpgThe Taste of Tea

On a l'impression qu'il n'y a que le Japon pour nous proposer des films comme celui-ci. The Taste of Tea est une sorte de rêve suave aux couleurs pastel pour lequel on se laisse gentiment enivrer. Il y a t-il vraiment une intrigue ? A dire vrai l'important n'est pas là. L'important est dans la simplicité des situation et l'onirisme dans laquelle tout cela nous plonge. Sans vouloir forcément nous peindre un monde tout rose, The Taste of Tea cherche plutôt à nous apprendre à regarder autrement notre réalité.

CTV InternationalCTV InternationalCTV International

The Taste of Tea, c'est savoir percevoir les illusions et les fausses croyances comme des obsessions amusantes ; mais c'est aussi tirer de la dérision ou de l'émerveillement de ce qui pourrait être tragique. Ainsi, on s'amusera du double géant de la petite fille, des thérapies douteuses du père, de l'histoire du fantôme à l'étron fiché sur la tête racontée par l'oncle, ou bien encore tout simplement de la chanson totalement déjantée du beau-frère. Tout cela forme un ensemble intemporel et absolument irrésistible. Bien plus qu'une curiosité, ce film est une perle du cinéma mondial comme il n'y en a peu.


3. 18409542.jpg Million Dollar Baby

Avec ce Million Dollar Baby, Clint Eastwood n'en était pas à son coup d'essai et avait déjà gagné ses galons de grand cinéaste. Néanmoins, on serait tenté de voir ce film comme un tournant dans sa carrière, comme si au fond ce Million Dollar Baby était l'apothéose et le panorama de tout le cinéma d'Eastwood. L'histoire ne brille pas par le sujet qu'elle aborde : une jeune femme qui commence la boxe sur le tard et qui cherche l'appui d'un entraineur taciturne. Cette histoire de parcours initiatique peut sembler effectivement banale, mais il faut avouer que bien peu ont osé la traiter comme Eastwood l'a fait.

Clint Eastwood et Hilary Swank. Mars DistributionClint Eastwood et Hilary Swank. Mars DistributionClint Eastwood et Hilary Swank. Mars Distribution

Focalisant sur ce que les autres films du genre ignorent, allant au-delà du simple moment de gloire pour cerner la vérité du périple humain. Voilà la force de ce film qui respire la vie dès premières minutes où on le regarde. C'est que le maître Clint, fort de son expérience d'acteur, de réalisateur, et tout simplement d'homme, évite toujours les trémolos pour jouer de la sobriété. Il ne cherche pas à émouvoir, mais à cerner une parcelle de vérité, et c'est là toute la différence. Million Dollar Baby, ce n'est finalement pas une histoire qui se raconte, c'est un film à vivre et à sentir. Pour ceux qui n'ont toujours pas vu ce film, le temps est venu de combler cette lacune.


4. 18409877.jpgDIG !

On n'évalue jamais assez la clairvoyance que nécessite la démarche d'un documentaire. Ce DIG ! Est un maître du genre. Il sait se trouver là où il faut presque par hasard pour faire de nous les spectateurs de cet incroyable monde de la musique. Au départ, juste deux groupes américains, pas très connus, et qui d'ailleurs ne se prennent pas vraiment au sérieux. Et puis d'un seul coup, ces deux groupes amis, qui partageaient jusqu'alors les mêmes galères, se retrouvent propulsés sur des chemins diamétralement différents : les Dandy Warhols vont connaître le grand succès populaire grâce à l'appui d'une audacieuse maison de disques, tandis que les Brian Johnston Massacre vont se complaire dans leurs idéaux anti-consuméristes et subir également les affres personnelless de son leader.

Celluloïd DreamsCelluloïd DreamsCelluloïd Dreams

Deux portraits, deux trajectoires, que tout relie et que tout oppose à la fois. DIG ! Nous plonge avec le regard le plus cru qui soit et finalement le plus fort celui du documentaire pour percer à jour ce qui échappe à beaucoup. De la nature même d'un artiste aux conséquences d'une démarche que l'on veut souple ou bien jusqu'au-boutiste, le documentaire explore autant qu'il se contente parfois de n'être que spectateur. L'imersion en tout cas est totale, et nombreux sont ceux qui sauront être sensible à ce film qui touche à la fois aussi bien les amoureux de cinéma que les amoureux de musique.


5. 18413160.jpgLocataires

Autre réalisateur prolifique s'il en est, le coréen Kim Ki-Duk n'en oublie pas pour autant d'avoir un style et du talent. Alors oui, on peut reprocher à ce film ce qu'on pourrait reprocher à tous les films de Kim Ki-Duk, c'est-à-dire son aspect « premier jet » sans qu'il y ait un réel retravail au niveau de la narration et de la mise en scène. Certes ce Locataires n'est pas exempt de tout reproche il peut être inégal et parfois abuser de son mutisme mais comment rechigner sur ce côté brut et vif de l'uvre. Nul doute qu'à qui sait s'ouvrir, ce film saura séduire.

Pretty PicturesPretty PicturesPretty Pictures

Car le cinéma de Kim Ki-Duk, c'est toujours un film qui part sur une idée simple mais tout de suite accrocheuse, qu'il se contente juste d'explorer par la suite, sans tabou ni contrainte. Dans ce Locataires, il s'agit d'un jeune homme qui décide de vivre chez les gens lorsque ceux-ci sont partis en vacances. Au-delà de la simple exploitation de logis, le jeune vit ces divers séjours comme des expériences qui lui donnent l'occasion de découvrir une famille de l'intérieur. Respectueux du cadre qu'il pénètre, il va jusqu'à faire la lessive et réparer les objets défectueux qu'il peut rencontrer. Un principe de base intrigant qui prend tout son sens lorsque, parmi ses visites, il tombera sur une femme délaissée... Même s'il n'est peut-être pas son meilleur film, Locataires n'en demeure pas moins le film le plus accessible de ce cinéaste, et par conséquent un incontournable pour tous les curieux du cinéma d'ailleurs.


6. 18431142.jpgBatman Begins

Alors que Dark Knight va bientôt sortir et s'apprête par la même occasion à tout dévaster sur son passage, son prédecesseur, Batman Begins n'avait pas connu le même enthousiasme. Cependant, à se replonger dans le contexte de l'époque, ce manque d'entrain pour ce nouvel opus de Batman pouvait se comprendre pour plus d'une raison. Tout d'abord, la franchise ressortait des deux derniers films de Joel Schumacher qui étaient de véritables navets de série B, ce qui avait retiré tout crédit à la saga Batman. Ensuite, Christopher Nolan était encore un réalisateur de l'ombre à cette époque (ce qui tend à changer aujourd'hui, à raison !), et le tournant qu'il a fait prendre à la saga a été perçu comme beaucoup comme une hérésie, ne cherchant pas forcément à comprendre ce qui les dérangeait ni pourquoi. Enfin, il est vrai que Ras al Ghul et l'épouvantail ne sont pas les ennemis les plus charismatiques des aventures de l'homme-souris surtout avec la manière par laquelle ils ont été traités ce qui peut expliquer un manque d'entrain de beaucoup de spectateurs.

Christian Bale et Liam Neeson. Warner Bros. FranceChristian Bale. Warner Bros. FranceChristian Bale. Warner Bros. France

Pourtant, à bien y regarder, ce Batman Begins possède des qualités insoupçonnées et par bien des points remarquables. Certes, la démarche de Burton qui cherchait avant tout à cultiver un côté très gothique voire baroque a été mise de côté pour lui préférer un regard plus en phase avec la réalité. C'est que Nolan est un psychologisant : il aime explorer l'âme humaine. Ainsi nous propose t-il une démarche remarquable autant qu'elle est audacieuse. Ce Batman Begins devient l'occasion de chercher à cerner l'essence même du super-héros, pour ne pas dire du héros tout court. Ainsi, le héros n'est plus la personne extraordinaire que l'on envie, mais bien une personne ordinaire qui souffre, et qui est amenée à faire une chose extraordinaire pour surmonter sa souffrance. L'identité cachée n'est dès lors plus une protection, c'est un exutoire ; l'image renvoyée n'est plus de l'artifice cherchant à impressionner, mais un symbole qui se veut un phare dans l'obscurité. Finalement, même s'il surprend, ce Batman Begins est un film subtil, profond, et riche de situations diverses. Même si certains, en voyant Dark Knight, rabaisseront par la suite ce Begins au rang de simple « préparateur d'esprit » à la grande révolution que mène Nolan dans l'univers des films de super-héros (car oui ! Pour avoir vu Dark Knight quelques semaines avant sa sortie, je peux vous le dire : c'est une révolution !), il me semblerait fortement injuste de faire tomber dans l'oubli cet épisode précurseur et magistral qui et c'est mon intime conviction garde encore sous sa manche certains éléments qui serviront pour construire le troisième et dernier Batman nolanien.


7. 18430333.jpgShaun of the Dead

J'y suis allé à reculons à ce film et pourtant si j'avais su à l'avance c'est le genre de film que j'aurais pu attendre comme le messie. Car oui, il est tellement rare de retrouver un bon vieux divertissement à l'anglaise, subtil et non pas balourd ! Pourtant, cette atmosphère de zombie semblait éculée et ne réservait a priori rien de bien original. Pourtant, c'est là toute la finesse de ce Shaun of the Dead : c'est un film qui se pose doucement et parvient ainsi à convertir petit à petit même les plus rétifs.

Mars DistributionMars DistributionMars Distribution

C'est qu'on prend tout de suite en sympathie ce brave Shaun, bon petit gars qui est sans cesse mis en porte-à-faux entre sa ravissante et gentille copine d'un côté, et son gros balourd de pote d'enfance de l'autre. Avec le début de telles pérégrinations, l'arrivée inexpliquée des zombies apparaît comme une simple tache dans le décor, quelque chose qui n'apparait qu'en second plan sans qu'on cherche d'ailleurs à nous le faire remarquer. Ainsi, cette lutte contre les zombies se transforme vite en un simple parcours d'embuches grandeur nature sur le chemin des péripéties sentimentales et familiales de ce pauvre Shaun. De nombreux codes sont respectés, d'autres sont tournés en dérision, et certains volent carrément en éclats. Le tout forme un spectacle risible car léger et maitrisé ; bref une simplicité d'autant plus appréciée qu'elle est devenue très rare.


8. 18425365.jpgSin City

Ceux qui me connaissent de par mon blog ou mes critiques connaissent mon penchant presque coupable pour ce cher Robert Rodriguez. C'est pourtant sans rougir, qu'à chaque fois qu'il nous sort un film, je ne peux m'empêcher de le faire figurer dans mon classement. N'y voyez pas là de la discrimination positive car, après tout, on pourrait se le dire ne serait-ce que par le fait qu'soit le seul réalisateur à avoir introduit Jessica Alba ! Mais trêve de plaisanteries, Sin City mérite amplement d'être cité parmi les films les plus marquants de l'année 2005 tant il cumule les qualités et parvient à s'inscrire dans un registre aussi unique qu'inattendu.

Jessica Alba et Bruce Willis. Pan Européenne EditionRosario Dawson et Clive Owen. Pan Européenne EditionCarla Gugino et Mickey Rourke. Pan Européenne Edition

Ce qui choque avant tout dans ce Sin City, c'est l'incroyable prouesse à reconstituer l'atmosphère visuelle du comics original. Entre le traitement numérique de l'image qui parvient à faire ressortir de nombreuses nuances dans le noir et blanc, notamment par les effets de saturation de lumière ; auquel s'ajoute l'utilisation au combien judicieuse de la voix off ; tout ce qui compose Sin City sur le plan visuel mérite déjà le détour. Mais Sin City ne s'arrête pas : à ce ton visuel, il s'y ajoute une atmosphère transperçante. Le contenu est brut, la violence est crue : le tout résonne dans notre squelette et pétrifie toute notre chair. Entre le malaise et la fascination, Rodriguez se paye en plus le luxe de nous livrer une brochette d'acteurs comme on en a rarement vu : les revenants Bruce Willis et Mickey Rourke ; les légendes exhumées telles que Rutger Hauer ; les talents du moment comme Clive Owen ; auxquels s'ajoutent quelques nymphes comme Rosario Dawson, Devon Aoki et donc la fameuse Jessica Alba. Au-delà de ça, Sin City se passe de commentaire ; c'est juste une expérience dont on ne sort pas indemne. N'y voyez donc pas un blockbuster sans âme dont on pouvait se dispenser. Si vous l'avez raté, sa vision s'avère plus que conseillée.


9. 18449721.jpgA History of Violence

Au cours d'une émission de Canal + qui réunit un certain nombre de critiques presse pour parler cinéma (les quelques connaisseurs auront remarqué que je parlais du Cercle), Pascal Mérigeau, journaliste au Nouvel Observateur, avait fait une remarque forte intéressante au sujet de cet History of Violence et dans laquelle je m'étais entièrement reconnu. Pascal Mérigeau disait au sujet de l'introduction du film qu'il aurait apprécié ne pas savoir qui l'avait réalisé. Il est vrai qu'en se retrouvant face à ce film, on est tout de suite subjugué mais en même temps surpris. Premier plan : une voiture, un travelling qui suit son trajet dès qu'elle démarre. Simple mais limpide, inconsciemment on est déjà happé par tant de maîtrise formelle. C'est clair, fluide et sec à la fois. Le film dégage dans sa forme une sobriété, un aspect épuré auquel David Cronenberg ne nous avait jamais vraiment habitué. Mais la force de cette « histoire de violence », c'est que la sobriété peut cacher soudainement un giclée de violence, un montage sec de quelques plans sans préliminaire et qui s'arrête presque aussitôt qu'il a commencé. Cru. Subjuguant.

Viggo Mortensen. Metropolitan FilmExportViggo Mortensen et Maria Bello. Metropolitan FilmExportAshton Holmes. Metropolitan FilmExport

La violence, c'est bien cela le spectacle. Mais attention ; pas de violence pulvérisée sur les murs, pas d'épandage jusqu'à saturation... Non, la vraie violence. La vraie violence c'est cette violence sous-jacente de notre société ; c'est la violence que l'on cache ; c'est la violence qu'on ne veut pas voir ; c'est la violence qu'on édulcore ; bref, c'est la violence que l'on appelle pas violence. Sexe, économie, société : tout est aseptisé pour que nous échappe la nature violente de tous ces rapports entre personnes. On réfute la violence, on la condamne, mais elle est toujours là, sous des formes insidieuses qui rend au fond toute la société hypocrite. La famille Stall passera de l'autre côté du miroir lorsque Tom subira un braquage dans son restaurant et abattra son agresseur. Un geste héroïque s'il en est, jusqu'à ce que la vraie histoire de Tom refasse surface. Tom ne change pas, mais le regard qu'on porte sur lui à changé ; les échanges deviennent crus et rugueux, les rapports sexuels deviennent bestiaux. C'est un véritable plaisir d'assister non pas à cette descente en enfer puisqu'au fond les choses ne changent pas de nature mais à ce changement de comportement, à ce nouveau regard sur les rapports humains. Du grand Cronenberg, de l'inédit, bref un chef d'uvre de 2005 qu'on se doit d'avoir vu.


10. 18409617.jpg De battre mon cur s'est arrêté

Le désir profond qui est étreint, une identité qui est plus construite par les autres que par soi-même, Audiard ne bouleverse pas le cinéma qui plus est le cinéma français par le thème qu'il aborde dans son De battre mon cur s'est arrêté. Mais ce n'est pas ce dont parle Audiard qui nous séduit, mais bien les mots qu'il a choisi pour nous en parler. En ce sens, Jacques Audiard est le digne héritier d'un père qui n'avait pas son pareil pour écrire des dialogues de haut vol, sauf que les mots de Jacques sont ses plans, ses lumières, ses montages serrés qui se plaisent parfois à froler avec le chaos. Chaque année il y en a toujours quelques uns de ces films, qui se distinguent par une forme qui fait le fond, celui de 2005 s'appelle De battre mon cur s'est arrêté.

Romain Duris. UGCNiels Arestrup et Romain Duris. UGCRomain Duris. UGC

Mais nul besoin d'être cinéphile confirmé pour se laisser emporter. Le film d'Audiard sait opérer sa magie sans qu'on en connaisse forcément les tours. Au-delà de cette beauté plastique de Paris, reste la performance des acteurs, Duris en tête, Arestrup derrière, et Linh Dan Pham en meilleur second rôle qui complète ce triangle majestueux. Car au fond, ce n'est pas la finalité de l'histoire qui nous enivre, c'est cette magie à faire cohabiter tant d'instants du quotidien qui respirent l'authentique, qui respirent la vérité. Un film à voir, forcément.



èMais aussi...


18408814.jpg La vie aquatique

Dans la série « gros retournement de chemise », il y a cette Vie aquatique de Wes Anderson. Surpris et déstabilisé dans une première approche, je n'avais pas forcément été réceptif à l'humour si particulier de Wes Anderson. Autre calamité, je l'avais vu doublé en français ce qui fait perdre pas mal de charme aux merveilleuses prestations de Bill Murray, Jeff Goldblum et consorts... Un film à part cela fait nul doute mais un très grand film à n'en pas douter.


18409145.jpg Calvaire

Elles sont rares les tentatives françaises dans le registre du film d'épouvante, et le peu de projets qui parviennent jusqu'à nos écrans sont malheureusement rarement de qualité. Ce Calvaire n'en est que d'autant plus remarquable car il s'agit là d'un film très efficace, soigné, et qui ne se laisse pas aller aux codes du genre. L'histoire est pourtant simple : un pauvre chanteur ambulant tombe en panne en pleine campagne et trouve refuge chez un Jackie Berroyer au départ bien accueillant, mais très vite de plus en plus inquiétant. Malgré tout, l'ensemble est tellement bien fichu qu'il en rivaliserait presque avec les maîtres du genre. Autant dire que les blasés du film d'épouvante ne pourront qu'y trouver leur compte.


18411924.jpg Mysterious Skin

Un peu passé inaperçu pendant cette année 2005, Mysterious Skin avait su néanmoins s'attirer les grâces de la critique et a aussi permis à son réalisateur, Gregg Araki, de se faire un nom. C'est vrai qu'à bien des égards, il mérite de nombreux éloges ce film. Certes, il n'est pas de ceux qui nous bouleversent profondément, de ceux qui parviennent à générer ce type d'apogée émotionnelle qu'on n'oublie jamais. C'est ce qui explique sûrement sa discrétion. Mais c'est aussi là que Gregg Araki fait très fort : ils ne cherche pas l'apothéose ; il cherche juste à poser son monde, sans heurt ni violence, et c'est vrai qu'avec sa photographie douce et ses musiques planantes qu'il parvient justement à faire que son film atteigne la légèreté d'une plume. Or, atteindre la légèreté avec des sujets aussi casse-gueules que la pédophilie et l'homosexualité, tous les deux traités de pair, ce n'était pas mission facile. C'est donc finalement en cela que Mysterious Skin séduit : il s'est risqué sur une pente glissante que peu osent emprunter et nous offre du coup une splendide fresque sur un sujet finalement rarement mis à l'écran : l'innocence brisée.


18449805.jpg Lady Vengeance

Après Sympathy for Mister Vengeance passé pour le moins inaperçu, puis après la consécration cannoise d'Old Boy, voilà le troisième volet de la trilogie vengeresse de Park Chan-Wook : Lady Vengeance. Dans son style très dynamique et quelque peu bariolé qui lui est propre, Park parvient une fois de plus à nous surprendre avec un cinéma iconoclaste et toujours à la recherche du déséquilibre. Mais le film sait aussi se faire sobre et se reposer sur la force de son propos, comme au travers de ce final anthologique. Un film a réserver peut-être aux adeptes du cinéma expérimental ou du cinéma étranger, mais pour cela, le plaisir sera total.


18399773.jpg La Chute

Peu de choses à dire sur ce film qui retrace les derniers instants du Troisième Reich si ce n'est qu'au départ, on ne peut déjà qu'être captivé par l'incroyable pouvoir d'attraction de l'interprétation du führer par Bruno Ganz, qui sait donner toute l'humanité et l'ambiguïté nécessaire à ce personnage d'envergure. Mais là n'est pas le seul intérêt d'un film qui sait se démarquer de la lassitude que peuvent parfois susciter les films sur la Seconde Guerre Mondiale : il y a aussi dans cette Chute une tension qui sait monter progressivement, et cette décrépitude cette folie même qui semble progressivement gagner le camp retranché du chef d'Etat nazi. Un film surprenant donc, et au combien marquant.


18441574.jpg Collision

Même s'il ne méritait pas forcément l'Oscar du meilleur film, tant au fond il joue de cartes très conventionnelles, ce Collision mérite quand même d'être vu à plus d'un titre, que ce soit pour la magnifique réalisation de Paul Haggis qui s'est ici surpassé, mais également pour tout ce petit lots d'acteurs de l'ombre qui reviennent à la lumière l'espace d'un film, qu'il s'agisse de l'oubliée Sandra Bullock, du catalogué Brendan Fraser, ou encore de la trop méconnue Thandie Newton.


18444949.jpg Wallace & Gromit et le mystère du lapin-garou

Difficile de ne pas résister au charme de l'animation en pâte à modeler mais aussi à cet humour so british. Certes, on peut être déboussolé les premières minutes, tant nous étions habitués au format 20 minutes pour ces chers Wallace & Gromit. Néanmoins, malgré son grand format, ce Mystère du lapin-garou ne déçoit pas tant il sait finalement jongler d'humour et de rythme. Toutes les ficelles des grand épisodes de Wallace & Gromit sont là, et notre plaisir est ainsi complet.


18396299.jpg Closer, entre adultes consentants

Il n'est pas forcément apprécié de tous ce film tant il s'ancre dans le principe de la love romance sans pour autant en respecter l'esprit et les principes. Certains pourront ainsi le juger banal comme peut l'être une simple love romance d'autres ne le trouveront pas très abouti car il ne conduit pas à l'effusion d'amour que certains attendaient peut-être. Pourtant, il y a dans ce film des particularités qui le rendent délectables. D'abord parce que son quatuor d'acteurs est tout bonnement renversant : Jude Law (impeccable), Natalie Portman (troublante comme jamais), Clive Owen (très bon dans son rôle de mec primaire mais subtil), et même Julia Roberts, dont je ne suis pas spécialement fan, mais qui est ici remarquablement mise à profit). Ensuite, l'autre qualité de Closer c'est qu'il renverse remarquablement bien les présupposés amoureux, renvoyant dans leurs cordes les princes charmants d'opérette et autre princesses coincées. En somme, plus qu'une simple love romance, Closer se démarque à mes yeux parce qu'il sait disséquer avec talent une certaine réalité des relations de couple.

18446285.jpg The Descent

Victime des préjugés qu'il charrie forcément avec lui, The Descent est de ces films que je n'ai découvert qu'après coup, longtemps après sa sortie dans les salles. Et pourtant ! Dans un genre très codifié et, comme je viens de le préciser, souvent méprisé par le qualificatif de série Z, The Descent s'en sort pourtant avec les plus grands honneurs. C'est pourtant assez mal parti avec un début très classique qui nous présente toute une série d'héroïnes bimbos assez insipides. Malgré tout, une fois que la descente s'amorce, le talent de Neil Marshall fait l'essentiel. Car il ne faut pas se leurrer, si The Descent possède un tel pouvoir d'immersion c'est par l'incroyable qualité de la mise en scène. Evitant tout sensationnalisme bon marché dont tous les Aja se servent aujourd'hui pour faire leur tambouille, Marshall mesure chacun de ses effets, sait ménager son spectateur, joue sur la photo pour diversifier ses ambiances, et parvient du coup à nous conduire progressivement là où il voulait nous mener, c'est-à-dire à une mise en abîme même du genre, en cherchant à cerner le concept même de survie. Rien à redire : que les réticents du genre s'y risquent ne serait-ce que pour le plaisir de se faire surprendre.

18407839.jpg Le fil de la vie

C'est pas tous les jours qu'on peut se voir des films danois, et quand ils sont aussi originaux que ce Fil de la vie, le détour devient obligatoire. Jouant au-delà du simple plaisir visuel de voir s'animer toutes ces marionnettes de bois qui composent l'intrigue du film, ce Fil de la vie nous subjugue surtout par le jusqu'au-boutisme de sa démarche. Puisqu'il s'agit d'un film d'animation fait avec des marionnettes, alors toute l'intrigue du film tournera autour du fait qu'il s'agit d'un monde de marionnettes. Là où certains auraient caché les fils, ici ils nous sont montrés ostensiblement et contribuent autant à la construction de l'histoire que des lieux. On est sans cesse surpris par autant d'imagination et de beauté et on ressort de là conquis à l'idée d'avoir vu un film qui ne peut se faire qu'une fois. Si l'occasion se présente à vous de le voir, et que vous aimez un temps soit peu le cinéma, ne laissez surtout pas passer cette chance.


18443944.jpg Kiss Kiss Bang Bang

Shane Black est réputé pour la saveur de ses intrigues et cet humour omniprésent que savent suggérer les situations. Ici, le contrat est pleinement rempli, et on se délecte du début jusqu'à la fin des péripéties du merveilleux trio Downey Jr, Kilmer et Monaghan. Du très bon spectacle, raffiné comme on en a peu.


18407814.jpg Sideways

Une tournée des vins prétexte à des remises en cause pour deux hommes qui l'un s'apprête à se marier, et dont l'autre ne digère pas son divorce. Ce charmant road movie, qui est en quelque sorte le précurseur des « feel good movie » qui déferleront par la suite comme Little Miss Sunshine ou encore Juno, est un spectacle vraiment simple et rafraichissant comme on les aime. Le film a d'ailleurs connu un succès aussi inattendu que mérité. Pour ceux donc qui auraient encore des hésitations à voir ce film, sachez que Sideways est l'une des (trop) rares occasions de voir Paul Giamatti mis sur le devant de la scène, ou encore de profiter de la gracieuse Sandra Oh (Cristina Yang dans Grey's Anatomy) sur grand écran !


18409968.jpg New-York Masala (Kal Ho Naa Ho)

Aaaah j'en vois déjà sauter ce paragraphe, considérant qu'ils ne sont pas concernés... Vous avez tort ! Oui c'est vrai, ça chante et sa danse, c'est très mièvre et en plus certains aspects du film peuvent franchement appeler à sourire. Néanmoins, ça reste un divertissement très pêchu et qui l'air de rien parvient toujours à nous prendre dans ses filets. Je l'avais découvert un peu part hasard lors du festival Bombaysers de Lille en 2006, et j'ai été surpris de voir tout le monde dans la salle le sourire aux lèvres et ne pouvant plus s'empêcher de se trémousser à chaque chanson. C'est la magie des grandes productions indiennes : même chez moi qui ne suis pas forcément porté sur les histoires à l'eau-de-rose, le courant passe. C'est qu'en plus, ce New-York Masala se fait un agréable compromis pour ceux qui veulent découvrir Bollywood, dans la mesure où ce film abandonne quelque peu les milieux traditionnels de l'Inde pour ancrer son intrigue dans un cadre qui nous est un peu plus familier : New-York. Bref, je l'ai dit dans de moult articles et critiques, mais je le redis encore : osez franchir le pas !


18409540.jpg Before Sunset

A croire que Julie Delpy aime se mettre en scène dans Paris au bras d'un bel Américain, car avant son récent Two Days In Paris, elle s'était déjà illustré avec ce Before Sunset, au côté de son boyfriend Ethan Hawke. S'il se regarde comme une curiosité, ce film sait néanmoins surprendre. On pourrait penser que cette histoire d'un jeune écrivain qui a une heure et demie pour converser avec un amour d'une nuit rencontré il y a de cela quelques années ne tiendra pas la route bien longtemps sans nous ennuyer. Pourtant, il n'en est rien. Le film se regarde d'une traite et on est agréablement surpris de l'avoir vu sans sourciller, le sourire aux lèvres.

18455513.jpg Three Times

Même si ce n'est pas son film le plus réussi et qu'il souffre de longueurs très pesantes, ce Three Times de Hou Hsiao Hsien n'en reste pas moins une véritable expérience que je ne peux me lasser de revoir de temps en temps. Un même couple d'acteurs, mais trois temps, trois histoires d'amour, trois façon différentes de vivre ses sentiments. Au-delà du plaisir anthropologique, c'est aussi à un plaisir plastique auquel se livre ici ce Three Times, réalisé avec beaucoup d'élégance et interprété à la perfection. C'est aussi l'occasion pour HHH de se lancer dans un bel hommage au cinéma chinois, dans sa diversité et son évolution. En somme, un film perfectible, mais qui sait laisser la trace de son originalité et de son ambition.


18394391.jpg The Machinist

Un film où la performance de Christian Bale éclipse tout le reste. Performance d'acteur tout d'abord avec ce jeu tout en sobriété, et performance d'homme tout simplement, avec une perte de poids considérable qui fait vraiment froid dans le dos. Mais ce n'est pas là un sacrifice pour rien car le film sait se faire sobre et efficace. Ni trop, ni trop peu : une intrigue simple qui touche tout de suite au but. A voir.


18399899.jpg Le château ambulant

Encore un Miyazaki et encore un chef d'oeuvre. On pourrait se dire qu'à force, on pourrait se lasser de son univers maintenant pleinement connu, mais pourtant il n'en est rien. Une belle réussite qu'il faut découvrir par soi-même. Il n'est même pas nécessaire d'en dire plus.


18423998.jpg Star Wars Episode III : La Revanche des Siths

Même s'il est à des lieues de ce qui faisait la force et l'attrait des trois épisodes de la trilogie originelle, il faut avouer que ce Star Wars profane excelle néanmoins dans un domaine : le grand spectacle. Ah ça ! On s'en prend plein la gueule et l'histoire parvient à tenir l'illusion, passant même à côté de quelque chose d'énorme. Mais bon, c'était trop demander à ce cher George Lucas : cet Episode III conclut finalement sur un spectacle qui déboîte tout visuellement avec un fond pas si mal fichu d'aventures mystiques, et ça on s'en plaindra pas. Et puis, rien que pour les premiers souffles du grand Vador, on ne peut que se prosterner et apprécier... Ooooh oui mon maaaître !...


18450889.jpg Harry Potter et la Coupe de Feu

Dans la série des grandes sagas du grand écran, à signaler aussi ce quatrième opus d'Harry Potter qui sait aussi surprendre dans le bon sens du terme. Trouvant le premier sympa, mais les deux suivants pas très folichons, cette Coupe de Feu m'a finalement bien tapé dans l'oeil, tant Newell a su jouer de nombreuses cartes à son avantage. Voir grandir ces jeunes pousses, voir Harry commencer à se dévergonder tout en assistant à un virage de l'intrigue vers l'obscur : tout est là pour plaire. Dommage que le cinquième opus, l'Ordre du Phénix, n'ait pas su s'en inspirer et retourne dans les méandres nunuches des premiers épisodes. Mais au fond, cela fait une raison supplémentaire de profiter de celui-ci !


18399404.jpg Bob l'éponge - Le Film

A croire que je ne peux pas m'en empêcher : il faut toujours que je finisse mes tops sur une bonne ânerie qui m'a bien fait rire ! Pour l'occasion c'est ce sacré Bob l'éponge qui m'a réservé la surprise de cette année. Pourtant étranger jusqu'alors à l'esprit de la série, j'ai néanmoins réussi à me faire convaincre de découvrir cette vaste bouffonnerie. Vraiment surprenante, cette comédie peut s'enorgueillir d'un humour efficace et très varié, en plus d'un rythme tendu qui fait passer cet OVNI filmique comme une traite. Une vraie réussite.


Voilà donc pour 2005 ! J'espère en tout cas que ce petit florilège suffira au plus curieux d'entre vous de se risquer aux films de 2005 !



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  • : Exilé d'Allociné mais la motivation reste intacte ! Par ce blog j'entends simplement faire valoir notre droit à la libre-expression. Or, en terme d'expression, celle qui est la plus légitime est celle des passions. Moi, je suis passionné de cinéma, et je vous propose ici mon modeste point de vue sur le septième art, en toute modestie et sincérité, loin de la "bien-pensance" mondaine. Puisque ce blog se veut libre, alors lisez librement et commentez librement. Ce blog est à vous...
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