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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 19:05

 

 

 

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Et nous y revoilà… Chaque année la même chanson ; les mêmes cohues dans les magasins ; les mêmes dindes aux marrons ; les mêmes bêtisiers spécial Noël et les mêmes vœux du président… Mais qui suis-je pour critiquer cela ? Moi-même, à ma modeste échelle, je contribue désormais avec cet article de fin d’année à rentrer dans ma petite routine, à ressortir toujours les mêmes poncifs sur les années de cinéma qui se succèdent sans qu’aucun véritable changement bénéfique ne se fasse sentir. Mais peut-être est-ce aussi cela le charme des fêtes de fin d’année : c’est un repère, une tradition… Ça en rassure peut-être quelques uns que de se dire qu’il y aura encore ce bon vieux homme-grenouille pour gueuler sur ces productions qui se standardisent ; sur ce système français qui étouffe la création ; ou bien encore sur le manque d’audace des distributeurs en terme d’importation de cinéma asiatique. S’il le fait chaque année, c’est certainement qu’il y a une certaine continuité et que les choses n’ont pas si changé que ça. Certes, peut-être n’ont-elles pas changé en bien, mais peut-être qu’aussi elles n’ont pas tant changées en mal non plus… Donc pour cette année, c’est promis, je vous ferai (presque) l’économie de mes sempiternels discours d’introduction et je vais aller droit vers l’essentiel…

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Cette année 2014, c’est presque l’année des paradoxes, et si je me suis permis de faire une référence à la Coupe du monde brésilienne, ce n’est pas totalement par hasard. Car en effet je n’ai pas pu m’empêcher de m’étonner de constater à quel point mon ressenti en terme de cinéma cette année se rapproche finalement pas mal de celui que j'ai eu à l'égard de cette grand messe du ballon rond. Malgré mon écœurement général pour ce qu'est globalement devenu le football aujourd'hui, entre business, starification et jeu standardisé, je me suis surpris à prendre du plaisir. Pourtant, comme pour le cinéma, cette Coupe du Monde fut sûrement celle durant laquelle j'ai vu le moins de matchs. Mais au milieu de toute cette melasse, j'ai réussi à entrapercevoir de temps en temps le football que j'aime, celui de l'audace, celui de l'innocence, celui de l'émotion... Quand je tire mon bilan en salles, c'est un peu la même chose : 80 films vus, ce qui fait partie de mes chiffres les plus bas depuis la création de ce blog. Et sur ces 80 films, plus de la moitié furent des purges blockbusterisées ou des souffrances d'exception culturelle à la française  (43 films notés à seulement 2 étoiles ou moins). Et pourtant, tel un miracle « corcovadien », au milieu de toute cette bouillie habituelle, de tout ce cinéma de système que j'exècre, je me surprends à retrouver dix films auxquels, cette année, j'ai distribué les fameuses « 5 étoiles » : une première depuis 2008. Dommage que ce groupe de tête soit si isolé, et que seule une demi-douzaine de films à 4 étoiles suivent dans le sillage, car sinon j’aurais pu dire de cette année 2014 qu’elle était une belle exception à savourer. Mais bon, oublions un instant les moments de purge de cette année, et ne contemplons que les perles qu’on est parvenu à décanter de cette melasse. Place au meilleur de 2014...

 

 

 

Top 10

 

 

 

http://fr.web.img5.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/09/24/12/08/158828.jpg 1. Interstellar

Surpris ? Si oui, c’est vraiment que vous découvrez mon blog à l’instant même, ou bien qu’il y a bien longtemps que vous ne m’avez pas lu ! (…et c’est votre droit !) Pour les autres, je suppose que le sacre d’Interstellar dans cet article ne surprendra personne tant je l’avais annoncé dans mon article précédent ainsi que dans la critique que j’avais posté sur Allociné. Alors oui, peut-être suis-je prévisible ; peut-être serais-je taxé de Nolanolâtrie extrême et que, par conséquent, mon engouement pour ce film apparaitra peut-être disproportionné et peu révélateur de sa qualité réelle… Sûrement… Et après tout ce serait normal. Je reste toujours un peu circonspect quand on me parle de « qualité indiscutable » ou « objective » d’un film. Dans un domaine où le plaisir et le sentiment priment, j’avoue que je reste toujours un peu stupéfait. Comment peut-on vouloir faire du cinéma une science désincarnée de l’émotion ? Un jour sûrement il y aura des gens qui, pour nous analyser l’humour, ne prendront pas en considération le rire dans leurs statistiques (le pire c’est que ça doit déjà exister). Moi je reste un gars qui juge par les sentiments. Alors oui, c’est subjectif. Oui, ce film me bouleverse parce qu’il aborde des sujets et des questionnements qui, moi, me taraudent. Oui aussi, ce film me bouleverse parce qu’en plus il parle dans une langue cinématographique qui m’est limpide. Donc oui, je fais majestueusement trôner Interstellar au sommet de ce classement parce ce classement est purement subjectif, fait avec mes tripes (accessoirement reliées à mon cerveau) et que je ne vois pas comment on peut faire un autre type de classement qui ait un sens pour vous, lecteurs en recherche de sensations. Je ne pourrais jamais prétendre connaître vos propres tripes et vous dire si Interstellar est la came qu’il vous faut, mais si vous savez lire entre mes mots et si par rapport à eux vous savez vous trouver vous, alors j’espère que je saurais au moins vous convaincre de tenter l’expérience…

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Pourquoi Interstellar ? Pourquoi autant d’enthousiasme ? Vous demandez certainement quelques éléments d’explication et c’est légitime. Je pourrais vous conseiller le pavé que j’ai déjà pondu à ce sujet sur ce blog, mais si vous ne connaissez pas encore le film, cela serait vous gacher le plaisir. Disons juste donc que j’adore Interstellar car il est le genre de film de science-fiction sur l’exploration spatiale que j’ai toujours eu envie de voir. J’en ai vu des Contact, des Sunshine, des Solaris (je ne cite pas 2001 exprès car pour moi c’est vraiment un film à part) et à chaque fois je me disais « Ah ! Dommage qu’ils n’aient pas exploré davantage cette voie… Dommage qu’il n’ait pas poussé davantage le raisonnement… Dommage qu’ils aient optés pour cette facilité là… » Moi, dès les premières minutes, j’étais déjà dans la navette. Pourtant le film met du temps à quitter le plancher des vaches, mais la direction qu’il prend, le ton qu’il adopte, la question qu’il pose, ont déjà une odeur d’originalité. Nolan n’est pas le gars qui vient essayer de trouver le schéma narratif qui plaira à tous et dans lequel on retrouva tous les éléments populaires du moment. Nolan part juste du principe qu’il est un spectateur comme un autre, peut-être un spectateur plus exigeant et moins suiveur justement, un spectateur comme moi qui regrette de voir qu’on n’ose pas s’aventurer dans ce qu’on effleure ailleurs.. Or lui il y va. Pour Nolan, quand on part dans l’espace, c’est pour questionner notre place dans l’univers. Quand on questionne notre place dans l’univers c’est aussi pour questionner la raison de notre présence, la logique de notre présence, et surtout notre présence par rapport à la logique. Dans ce film, Nolan part du principe que notre présence n’est pas contraire à la logique de l’univers, mais par contre il cherche à nous faire prendre conscience que si l’humain va à l’encontre de cette logique, l’humain peut très bien disparaître sans que la mécanique globale n’en soit affectée. Prendre cela en compte, qu’est-ce que cela implique, à la fois pour nous en tant qu’espèce mais également pour nous en tant qu’individu ? Finalement, qu’est-ce que le fait d’aller ailleurs dit sur nous, sur notre vie, sur notre conscience de la vie, sur notre avenir, sur notre volonté ? Nolan pose la question, il pose même les questions et parvient – comme à son habitude – à les enchevêtrer brillamment pour que d’une multitudes de question il en fasse un faisceau logique qu’il nous faudra des heures à démêler…

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Alors après, c’est vrai et ce n’est pas un mal, pour beaucoup c’est trop d’un coup, c’est trop confus, ou c’est tout simplement se poser des questions trop "prises de tête". Tout le monde ne va pas au cinéma pour ça et n’a pas envie de ça, ce que je comprends totalement. Mais combien il ya t-il de films qui ne nous prennent pas la tête à côté de ceux qui savent satisfaire les spectateurs en recherche de questionnements et d’explorations ? Combien savent solliciter les moyens nécessaires pour rendre l’expérience vertigineuse à la hauteur de la question posée sans faire fuir les grosses maisons de production ? Nolan sait faire ça. Il sait faire l’amalgame et, encore une fois, dans cet Interstellar, il l’a brillamment fait. C’est un gars qui, pour moi, ne perd jamais de vue cette unicité qui est essentielle au cinéma. : l’idée au cinéma n’a de sens que si elle s’incarne dans une expérience… l’expérience sensorielle au cinéma ne peut avoir de sens que si elle explore une idée.  Et c’est toute la beauté de l’artiste que d’être capable de retranscrire dans le choix de chaque plan, chaque rendu visuel, chaque instant musical, cette dynamique sensorielle au service du raisonnement. Je pourrais en dire plus mais ce serait parler à vide. Ceux qui ont déjà vu le film savent très bien de quoi je parle. Pour les autres, vous l’avez compris, moi je considère clairement ce film comme l’une de mes plus grandes expériences de cinéma que j’ai pu vivre. Encore une fois, ça ne veut pas dire que je vous garantie la même transcendance vous concernant, mais cela veut dire que, si vous vous intéressez aux avis d’autres personnes comme moi pour explorer le cinéma, considérez que cet avis que vous lisez là en ce moment vous incite plus que fortement à vous confronter à l’expérience Interstellar

 

 

http://fr.web.img3.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/09/11/17/05/508784.jpg 2. Gone Girl

Ça en choquera peut-être plus d’un ce que je vais dire là (moi le premier d’ailleurs ça m’a choqué quand j’ai pris conscience de ce que je m’apprête à vous annoncer), mais il m’a fallu attendre ce Gone Girl pour vraiment faire rentrer David Fincher dans le panthéon de mes réalisateurs de grand talent. Oui, je l’avoue, c’est vrai. Je l’ai toujours trouvé très doué ; nombreux sont les films qui m’ont beaucoup parlé (The Game en tête : oui je sais, je dois être le seul à considérer que c’est là son film préféré de cet artiste) ; et pourtant je n’arrivais pas dans ma tête à le détacher de cette image de faiseur à la mode qui nous pondait parfois des films surfant sur les tendances du moment (Social Network ou Millenium) sans qu’il n’y ait pour autant derrière de véritable expression personnelle, une véritable démarche d’artiste. Avant ce Gone Girl, j’estimais le style Fincher très efficace mais je n’avais jamais vraiment cherché à le comprendre. Avec ce Gone Girl et ce vers quoi il m’a emmené, j’avoue qu’une révélation a eu lieu. Ce mec est juste un sacré gaillard qui, en plus d’avoir une grammaire cinématographique incroyablement riche, subtile et personnelle, est en plus doté d’un authentique regard lucide sur le monde et sur l’humain…

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Alors oui, Gone Girl est avant tout un thriller / polar, comme le gars a déjà su nous en faire une petite flopée. Si on se limite à la seule trame "intrigue / résolution", on pourra se dire que finalement tout cela est quand même pas trop mal ficelé parce qu’il y a pas mal de retournements de situation, même si certains s’arrêteront sûrement en chemin pour reprocher au film de s’être risqué à des rebondissements trop invraisemblables. En toute honnêteté, je peux carrément concevoir cette critique là car, il faut l’avouer, l’ami Fincher pour le coup n’y va pas à demi-mesure. Mais moi c’est justement cela qui me plait dans ce film. Gone Girl est à mes yeux un film total qui va jusqu’au bout de sa démarche et qui – justement – ne se réduit pas qu’à sa simple trame "intrigue / résolution". Gone Girl, c’est un cinéma exigeant, où aucun cadrage ni aucune information, même la plus subtile, n’est laissée au hasard. Voilà un film qui nous incite à regarder attentivement, à voir au-delà des apparences, et pour l’occasion la forme fait mouche car c’est bien là tout le fond de l’histoire. Savoir jouer des apparences ; savoir s’en faire maître ; ne pas faire en sorte qu’elle se retourne contre nous et – surtout – savoir ne pas en être prisonnier à la fin. Pour le coup, je trouve que le sujet choisi, les acteurs choisis, et la forme choisie sont juste en remarquable coordination les uns avec les autres. C’est un ensemble d’une pertinence rare. Ce film, c’est pour moi un immense chef d’œuvre, presque mon film préféré de l’auteur, c’est dire…

 

 

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Ben Fuckin’ Stiller… Je taquine toujours un peu mes amis cinéphiles qui ne se déplacent plus que pour leurs auteurs favoris. Pour moi c’est là le meilleur moyen de se fermer à de nouvelles découvertes et à de nouveaux auteurs. Il n’empêche que – et ce podium leur donne raison (pour ne pas dire l’ensemble du top d’ailleurs) – il faut quand même bien avouer que, quand un auteur reste fidèle à lui-même, il est toujours bon de découvrir la nouvelle étape de son parcours. Moi Ben Stiller, je l’avoue, c’est mon péché mignon. C’est ce gars que beaucoup connaissent sans forcément y voir autre chose qu’un guignol qui fait des têtes bizarres dans des comédies fadasses du genre le Casse de Starsky et Hutch au musée… Mais bon, derrière tout ça, moi je trouve qu’il y a une véritable sensibilité, non seulement à l’humain, au vivant, mais aussi tout simplement au cinéma. Pour moi, ça peut tout aussi bien se ressentir dans des grosses poêlades comme Zoolander ou Tropic Thunders, mais désormais cela peut aussi se percevoir nettement dans des films beaucoup plus subtils comme l'est cette Vie rêvée de Walter Mitty

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Alors c’est toujours drôle, ça il n’y a pas ça dire, et pour le coup Stiller ne renie pas ses talents premiers de grand comique. Mais en plus de ça, pour ce film, Stiller a su aussi se faire super tendre car, là, on est quand même en plein dans la démarche de l’aventure initiatique avec un grand A. Et ce qui me fait plaisir avec Ben Stiller, c’est que lui aussi n’oublie pas que le cinéma est un média de sensations. L’image, le son, le rythme, le propos, ont leur importance pour faire décoller le spectateur, pour le faire ressentir les choses avant même de lui faire comprendre de quoi il est question. Et pour cela, je trouve que Stiller a su faire encore une fois faire preuve d’une grande maîtrise. Les plans sont très riches d’informations et de suggestions ; les effets sont maitrisés pour ne pas partir dans la débauche à outrance et surtout l’ensemble s’articule autour d’une idée forte qui parvient, sur son final, à rendre une idée pourtant simple totalement sensible à nous. Non, il n’y a pas à dire, ce film moi je le trouve vraiment remarquable. Il n’invente rien pour le coup, mais il fait excellemment bien ce que malheureusement peuvent savent dire avec autant de justesse et de simplicité…

 

 

http://fr.web.img2.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/03/10/13/05/207672.jpg 4. Wrong Cops

Ça y est. Je ne l’espérais pourtant pas, mais malgré tout il est venu : ce film de Quentin Dupieux qui me tiendrait du début jusqu’à la fin. Pour ceux qui ne connaissent pas l’animal, l’ami Dupieux est un gars qui a su s’illustrer ces dernières années par des films totalement barrés, au postulat de base totalement absurdes (un pneu qui prend vie dans Robber ; un kidnapping de chien dans Wrong) et qui – pour ma part du moins – réalisaient l’exploit de se faire totalement captivants pendant de nombreuses minutes jusqu’à atteindre la limite de rupture dans le port-nawak. Ce n’était pas forcément l’absurdité qui me dérangeait chez Dupieux, c’était le fait qu’arrivé à un moment de son intrigue, soit il se répétait et s’enlisait (Robber), soit il se décidait à perdre toute logique narrative pour partir dans le n’importe quoi (Wrong). Or, moi, justement, ce que j’aimais et qui me fascinait dans les films de Dupieux, c’était cette capacité à maintenir cet équilibre précaire durant lequel il s’efforçait de donner du sens et de la logique à un postulat et/ou à un univers qui n’en avait pas. C’est con, mais moi je trouve que ça ouvre clairement des perspectives sur notre façon de percevoir les choses du quotidien que d’être confronté à un film de Dupieux. Après ça, la logique est en permanence questionnée, et la bizarrerie presque assimilée. Seulement voilà, il fallait que Dupieux soit capable de tenir la note… Or, à mon sens, c’est ce qu’il est parvenu à faire dans Wrong Cops.

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Alors du coup, il y a quand même une chose à prendre en compte dans ce que je suis en train de dire, c’est que – et c’est presque forcé – ceux qui aimaient Dupieux pour sa capacité à partir totalement en vrille aimeront peut-être moins ce Wrong Cops par rapport aux précédents films du bonhomme. Dommage pour eux (…en même temps, à chacun son tour !) parce que moi je me suis totalement retrouvé dans cette démarche davantage mesurée de la part de l’ami Quentin. C’est toujours aussi barré, certes, mais il y a la volonté de maintenir jusqu’au bout un semblant de cohérence dans l’histoire qui, pour moi, fait toute la différence. C’est drôle, c’est absurde, c’est perché… Moi ça me plait à fond. Une fois dit ça, il est difficile d’en dire plus sans nuire à la qualité d’immersion dans ce film. Il ne vous reste plus qu’à tenter l’expérience si jamais ce genre de trip vous tente. Mais si cela vous tente vraiment, je trouve que pour l’occasion Quentin Dupieux vient d’ouvrir là un sentier très intéressant qui a, en plus du mérité d’être original, celui d’être intéressant.

 

 

http://fr.web.img5.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/12/08/12/49/392119.jpg 5. A Most Violent Year

Chose amusante, et c’est la première fois que ça m’arrive, je me retrouve à écrire mon regard rétrospectif sur un film avant même d’en écrire la critique ! Alors c’est sûr, pour le coup, le recul est maigre. Pourtant, j’assume totalement la place que j'attribue à ce A Most Violent Year, même si, pour le coup – et contrairement à presque tous les autres films de ce classement – je n’ai pas eu l’occasion de le voir une deuxième fois. Pourquoi un tel emballement me diriez-vous ? Eh bah pour une raison bien simple : ce film a su me cueillir dès la première minute et est très rapidement parvenu à me convaincre qu’il n’allait pas défaillir une seule seconde jusqu’au générique final. Alors oui, c’est vrai, j’adore qu’on sache me surprendre et je vénère les films qui parviennent à faire ça. Seulement, il n’empêche que, malgré tout, je ne boude jamais mon plaisir quand on sait me servir de la grande cuisine et qu’on fait ça avec talent et sans aucune fausse note. Pour moi, A most violent year, c’est ce genre de films là…

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Alors oui, c’est vrai : encore un film qui se déroule dans le milieu mafieux ; encore un film qui semble vouloir marcher sur les traces de Scorsese, Leone, Friedkin… et pourtant. Ce qui fait qu’on va au-delà du simple exercice de style avec ce A Most Violent Year c’est qu’encore une fois, J.-C. Chandor sait insuffler dans cette structure connue, un propos subtil et fouillé qui, à l’image de Margin Call, nous permet de cheminer vers un regard lucide sur le temps présent. Or, là, pour l’occasion, je trouve qu’on renoue avec l’essence même du classique. La structure connue n’est pas là pour orienter notre destination, elle est là pour faciliter notre cheminement. A Most Violent Year ne dit pas forcément quelque-chose de neuf ou d’inédit, mais ce film sait juste adopter un angle de vue subtilement différent pour éprouver notre perception du monde, ici de l'Amérique. Et ça, pour le coup, quand c’est mené avec autant de maitrise et de rigueur, c’est juste la classe…

 

 

http://fr.web.img6.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/09/26/17/53/345974.jpg 6.  Whiplash

Et dans la foulée d'A Most Violent Year, j'y glisse dans son sillage ce merveilleux Whiplash. Deux films qui ont ensoleillé ma dernière semaine de 2014 et qui viennent au final enrichir ce top. Alors ne vous méprenez pas : je ne colle pas ces deux films dans mon classement juste parce que je les ai vu coup sur coup. A dire vrai, pour ceux qui ont lu cet article lors de sa première semaine de parution, Whiplash n'était que dizième. Après tout, dernier arrivé, dernier servi. Le problème c'est que je n'avais pas eu le temps de le décanter ce film... Et depuis je l'ai revu. Or, je dois bien l'avouer : il y a une alchimie spéciale là-dedans qui me transporte totalement. Et autant le dire tout de suite, ce n’est pas la musique et encore moins le jazz qui m’ont amené vers ce deuxième long-métrage de Damien Chazelle, c’est davantage une association que je trouvais insolite et donc intrigante : Miles « Rabbit Hole » Teller d’un côté et surtout le grand J. « Fuckin » K. « Over Badass » Simmons. Alors certes, si je n’avais pas eu des échos encourageants, peut-être cela n’aurait pas suffi. Mais bon, une fois devant l’écran, il faut quand même bien reconnaitre que c’est dans ces deux gars là (et surtout le deuxième) que plus de la moitié du boulot se fait. Alors oui, je ne suis pas très sensible au jazz, mais là, pour le coup, ce Whiplash m’a pratiquement converti. C’est ça qu’on appelle la magie des grands films de cinéma…

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Alors après, ne retirons rien au réalisateur Damien Chazelle car, pour le coup, s’il y avait bien un film où il fallait savoir se mettre au diapason (ho ! ho !) de ce monstre sacré qu’est J.K. Simmons et de cet autre acteur central qu’est finalement la musique, c’était celui-là, et Damien Chazelle s’y plie avec beaucoup de savoir-faire. Montage clair, plans maitrisés et surtout une écriture excellente. Tout cela est toujours fait dans une logique d’efficacité, de mesure et surtout d’absence d’esbroufe. C’est sobre, clair, net, précis et surtout, ça sait monter crescendo (admirez comme je file : ça s’appelle du talent) pour aboutir à un final magistral dans lequel tout est finalement sublimé. Ça aurait pu être une leçon de musique, ça s’est transformé en leçon de cinéma. Moi je suis aux anges avec des pépites comme celles-là.

 

 

http://fr.web.img1.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/01/20/12/06/239820.jpg 7. The Grand Budapest Hotel

Eh oui… Encore un film réalisé par un nom déjà maintes fois évoqué sur ce blog : Wes Anderson. 2014 n’est donc pas tant que ça une année de nouveauté vous dites-vous peut-être. Certes, il est vrai, mon plaisir à moi m’est venu cette année des mêmes personnes, maintenant cela ne veut pas dire qu’ils nous ont livré la même chose qu’à la dernière fournée. Or, à mon sens, c’est là clairement le cas avec Grand Budapest Hotel.

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Alors certes, il ne faut pas longtemps pour repérer toutes les Wesandersoneries qui sont désormais devenues les marques de fabrique de son cinéma. Pourtant, au-delà de ça, il y a quand même là un univers nouveau qui nous permet d’aboutir vers une atmosphère et à un état d’esprit assez peu courants chez un Wes Anderson. Il est donc possible de dire que le gars a poursuivi avec les mêmes outils mais pour explorer malgré tout de nouvelles contrées. Pour ma part, renouer avec la maestria et l’originalité formelle d’un tel maître, tout en continuant à explorer encore davantage son univers, c’est juste une expérience que j’adore faire. A bon entendeur donc : Wes Anderson est encore là, à son sommet, et il a du nouveau à vous proposer. Régalez-vous…

 

 

http://fr.web.img4.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/03/21/10/02/069474.jpg 8. Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

S’il fallait chercher des nouveaux noms dans ce classement, outre celui de l'ami Damian Chazelle, ils sont presque tous là. Je dois bien avouer d’ailleurs que, de tous les films présents dans ce Top 10, celui-ci est sûrement celui dont j’attendais le moins au départ. C’est donc - on peut presque dire - ma petite surprise de l’année. En toute honnêteté, je ne connaissais pas le bouquin dont ce film se voulait l’adaptation et, comme souvent, je me suis pointé là sans rien savoir de l’histoire. Franchement, si vous ne le faites pas déjà, c’est vraiment un conseil que je vous donne : allez voir les films (presque) à l’aveugle ! Quand vous tombez sur un film aussi riche et original que celui-là, c’est un régal de découvrir où ce genre de spectacle est capable de nous emmener.

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Du coup, si je me veux logique avec ce que je viens de vous affirmer, le mieux serait encore de ne pas trop en dire sur ce qui se cache derrière ce charmant papy suédois et ses étranges aventures. Sachez juste que je ne peux m’empêcher d’y voir là une sorte de Forrest Gump en beaucoup moins mièvre et en un peu plus grinçant. Et ce qui est d’ailleurs intéressant dans ce film, c’est qu’il apporte et retire à Forrest Gump tout ce que je voulais voir retiré et ajouté au film de Zemeckis. J’ai presque envie de dire que ce vieux est une sorte de Forrest Gump suédois tel que moi je me l’imaginais. Et ça moi, j’adore !

 

 

http://fr.web.img3.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/pictures/14/03/10/10/26/014107.jpg 9.  Her

Pour certains films il ne suffit que d’une seule minute pour vous convaincre. Me concernant, Her fait partie de ceux là. Un simple monologue amoureux : l’amorce d’une romance tout ce qu’il y a de plus basique pense-t-on… Et puis soudainement on voit une lettre en train de s’écrire toute seule sur un écran et sous la dictée du sobre mais remarquable Joaquin Pheonix. « Ah ? Visiblement un film qui se déroule dans un léger futur » se dit-on alors. Quel intérêt à une telle projection ? Les secondes qui suivent apportent tout de suite la réponse. L’ami Joaquin n’écrivait pas pour lui. Il écrivait pour un autre, car tel est son métier : retranscrire les sentiments des autres ; servir d’interface sentimentale. Top. Une minute, montre en main. En une seule minute Spike Jonze a déjà posé dans nos esprits un postulat d’autant plus excellent qu’il est pertinent pour traiter l’évolution de la société occidentale. L’annonce d’un chef d’œuvre…

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Moi ce que j’aime avec des films comme Her c’est qu’on cherche à nous raconter quelque-chose de neuf, quelque-chose dont on ne connaît pas les trémolos dès la première minute. Et là où c’est agréable d’avoir affaire avec un gars aussi expérimenté que Jonze, c’est que le gars a le background nécessaire pour creuser le postulat original qu’il vient de poser ; il a l’expérience nécessaire pour gérer remarquablement son rythme et surtout, il a le talent indispensable pour savoir mettre ça en image de la plus belle des façons qui soit. Moi quand je vois ça, quand je constate à quel point un film peut partir d’un postulat aussi original pour aboutir à la fois vers une remarquable exploration du sentiment humain, mais en plus vers une lecture pertinente de ce vers quoi notre société est en train d’évoluer, moi j’applaudis des deux mains. Là pour le coup, encore une fois, merci les vieux maîtres…

 

 

 

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Pour cette dernière place, voici encore une valeur sûre du cinéma mondial : Stephen Friers. Ce gars, pour moi, c’est celui qui ne va rien révolutionner dans sa façon de faire, qui ne pondra jamais le film audacieux du siècle, mais qui parviendra presque toujours à faire mouche me concernant. Et ce qui marrant concernant ce Philomena, c’est qu’il est le seul film pour lequel je me suis permis une réévaluation positive suite à mon second visionnage. Car oui, la première fois, j’avais trouvé ça juste, fort, subtil, bref pile comme il fallait… mais pour moi ça restait un film conventionnel, remarquablement mené, mais juste un très bon film conventionnel. Mais bon, en le revoyant, force fut de constater que l’émotion suscitée par ce film fut la même restait la même, pour ne pas dire qu’elle s’était amplifiée depuis. Rien n’était à jeter, tout était juste. C’était juste parfait. Et c’est là que j’ai pris conscience à quel point cela relevait du chef d’œuvre que d’être capable de faire une œuvre aussi délicate et puissante tout en étant aussi simple, épurée et efficacement menée. Oui, pour moi ça ne fait aucun doute, Philomena est un chef d’œuvre…

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Parce qu’en fin de compte, quel type de film est Philomena ? C’est la simple histoire d’une rencontre entre un journaliste peu enclin aux histoires à émotions faciles et d’une petite mamie gâteau sans prétention qui au contraire adore se réfugier dans les premiers romans à l’eau-de-rose… Eh oui, quand on y réfléchit, Philomena n’est qu’un simple buddy movie. Oui, c’est un film usant de figures classiques éprouvées et très connues et – oui encore – c’est un film qui a recours à des ressorts émotionnels simples. Mais bon, il a beau être question de petite vieille qui part à la recherche de son enfant enlevé très jeune par des bonnes sœurs, jamais Frears ne tombe dans le pathos, dans le facile et perd de vue ce qui fait toute la puissance de son film : l’humain. Alors effectivement, je me répète mais je l’assume et je l’affirme : il y a un véritable art à savoir faire quelque-chose de subtil et de délicat avec quelque-chose de facile et de simple. Là pour le coup, Stephen Friers m’a pondu une œuvre maitresse, je l’en remercie pour ça…

 

 

 

 

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