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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 22:16

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1262389330_le_meilleur_de_2009_jpg.jpg

  

Et ça y est ! Encore une de passée ! Encore une année de cinéphilie intense, de découvertes, d'émotions, d'évasions, de moments forts Parmi les habitués de ce blog, nul ne sera surpris à ce que une fois de plus ! je me risque à un récapitulatif de mes impressions afin que ceux qui s'y retrouvent puissent profiter des quelques pépites de cette année 2009. Certains l'avaient dit, 2009 était riche en promesses. En effet, de nombreux grands noms du cinéma sortaient leurs derniers poulains durant cette année, certains s'étant même totalement lâchés. Le plus prolifique cette année fut sans conteste Steven Soderbergh avec pas moins de quatre films : Che 1ère partie, Che 2ème partie, Girlfriend Experience et The Informant ! Le grand Sam Mendes, que l'on n'avait pas vu depuis Jarhead en 2006 nous revenait également avec deux films : Les Noces Rebelles en janvier et Away We Go en novembre. Cette année était aussi le retour de grands réalisateurs que l'on n'avait pas vu depuis quelques années : Michael Mann, absent depuis 2006, nous revenait avec son prometteur Public Enemies. Jim Jarmusch, absent lui depuis 2005, revenait aussi aux affaires avec son Limits Of Control. Cette année était aussi celle du retour de Richard Kelly, avec The Box, dont on se demandait si l'échec cuisant connu par Southland Tales en 2006 allait nuire à sa créativité artistique. Le grand Alain Resnais revenait aussi, proposant à Cannes mais aussi aux humbles spectateurs que nous sommes, son dernier Les herbes folles. Seulement deux ans après son remake de Funny Games, Michael Haneke proposait lui aussi une nouvelle de ses peintures acides avec Le ruban blanc, auréolé qui plus est de la palme cannoise. Francis Ford Coppola, quand à lui, préféra s'éloigner des feux de la sélection officielle pour présenter son dernier film, plus intimiste : Tetro. Et comment passer sous silence le retour de Jacques Audiard dans nos salles obscures avec son Prophète, lui qui nous avait envoûté quatre ans plus tôt avec De battre mon cur s'est arrêté ? Mais surtout et c'était l'évènement de cette fin d'année il y avait le buzz que fut Avatar, qui signait le grand retour à l'écran de James Cameron que l'on n'avait pas revu dans les salles depuis son dernier Titanic Cela faisait 12 ans ! Et puis il y avait aussi les habitués, ceux que l'on retrouve tous les ans ou presque : Ang Lee proposait son Hôtel Woodstock, Park Chan-Wook son prêtre vampire dans Thirst, Woody Allen n'allait pas manquer non plus l'occasion d'un nouveau film avec Whatever Works, et surtout il y avait le grand Clint, prolifique maître Eastwood, qui tirait cette année sa révérence en tant qu'acteur avec Gran Torino

Johnny Depp. Universal Pictures International France 19195144.jpg Clint Eastwood. Warner Bros. France

Mais une année de cinéma n'aurait pas été complète, n'aurait pas pu s'inscrire dans le grand cycle du cinéma, si elle n'avait pas connu son lot de découvertes, son lot de surprises. Ainsi, cette année fut l'année où l'Inde s'invita indirectement aux Oscars par l'intermédiaire d'un Ecossais souvent controversé : je parle bien évidemment de la razzia de statuettes que nous a fait le Slumdog Millionaire de Danny Boyle. Film au succès planétaire, il a aussi eu pour mérite de mettre sous le feu des projecteurs du public occidental certains grands noms du cinéma indien inconnus chez nous, notamment Anil Kapoor, mais surtout le compositeur A.R. Rahman. Cette année fut aussi celle du déferlement de quelques films européens qui surent faire leur trou malgré la modestie de leurs moyens : ce fut le raz de marrée de La Vague, mais aussi et surtout le tsunami Rock N' Roll de Good Morning England. L'Asie, une fois de plus, n'a pas connu la distribution qu'elle aurait dû connaître mais, malgré tout, quelques représentants d'Extrême-Orient ont su faire parler d'eux auprès du grand public. Il y a bien évidemment le Thirst de Park Chan-Wook qui s'est illustré grâce à son grand prix du jury mais aussi et surtout, autre pensionnaire cannois, il y eut Vengeance qui, grâce à la participation inattendue de notre Johnny national, fit découvrir l'autre Johnnie, celui qui a posé sa griffe sur le polar de Hong-Kong, j'ai nommé Johnnie To. Et puis n'oublions pas le passage éclair, mais pas passé inaperçu, de The Chaser mais aussi de Departures ; preuves supplémentaires que le cinéma asiatique ne demande qu'à exploser en Occident

Bill Nighy. StudioCanal Kim Ok-Bin et Song Kang-Ho. Le Pacte ARP Sélection

Malgré tout, malgré ces grands noms et tout ce lot de découvertes, je dois avouer que 2009 a été pour moi une année qui ne me laissera pas un grand souvenir. Certes, sur les 115 films que j'ai découverts au cinéma cette année, 11 m'ont quand même entièrement conquis (4 étoiles) et 20 autres m'ont réellement plu (3 étoiles). C'est légèrement moins que les années précédentes, mais suffisamment pour m'apporter mon lot de frissons. Mais cependant, ce qui m'a surtout laissé un goût amer dans la bouche concernant cette année, c'est le nombre effrayant de notes égales ou inférieures à 1 que j'ai attribuée cette année 44 au total ! révélatrices d'une bonne centaine d'heures d'ennui passées dans les salles obscures. C'est qu'à de nombreuses périodes de l'année, les salles furent vides de films tentants, ou bien encore pleines de films dont les critiques vantaient les mérites, mais qui me consternèrent de vacuité. Eh oui ! Petit à petit, j'ai l'impression de me retrouver de plus en plus seul à apprécier un certain type de cinéma qui me semble pourtant universel Non pas que se sentir en osmose avec la norme sociale m'importe tant que mon cinéma à moi vit et se développe, tout le monde est heureux mais ce gain en popularité d'un cinéma minimaliste et bourgeois m'effraie quand même, surtout quand il gagne les plus grands auteurs dont les premiers films m'avaient pourtant bouleversés. Ainsi, le jusqu'au-boutiste Darren Aronofsky a-t-il annoncé sa conversion au cinéma-sujet cette année. Fini le cinéma enlevé, échevelé, maîtrisé Maintenant les Dardenne sont son modèle, et la réalisation de The Wrestler associée à l'abandon du remake de Robocop en dit long sur la disparition plus que probable d'un grand formaliste du cinéma transcendant. Et voilà qu'ont suivi Coppola avec son Tetro, ou bien encore Jarmusch avec ses Limits of control. Même s'il est dans l'air du temps de connaître une période rétrograde au niveau des valeurs et des principes fondamentaux de nos sociétés, le fait que cet esprit réactionnaire touche les arts est en soit inquiétant quant à notre avenir [Attention, moment solennel : rassurez-vous cela ne dure que cinq lignes]. Rejeter l'art, rejeter l'artifice, au profit d'une authenticité qui n'en est pas une, au profit d'un cinéma du vrai qui n'a en fait que pour seule vérité celle subjective de ses auteurs et de ceux qui la partagent, c'est là rejeter le principe fondateur de la civilisation. Que le cinéma de l'instant, que le cinéma-sujet vive et se développe n'est en soi pas un souci : il a toujours été. Mais qu'il soit posé comme un modèle à suivre au point qu'il aliène la diversité de notre cinéma, le danger est là [fin du moment solennel, et je tiens à remercier ceux qui ont accepté de l'endurer]. Mais après tout pourquoi s'appesantir encore une fois dans ces considérations ? Oui, le cinéma morne gagne du terrain et du crédit, mais comme je l'ai confirmé plus tôt, le cinéma qui me fait vibrer est encore là, bien vivant, et toujours prêt à transmettre les émotions les plus riches, les plus intenses et surtout les plus inattendues ! Alors j'en fini là avec les présentations, et je laisse la place avec mon traditionnel Top 10 des grands coups de cur de l'année, auquel suivront toute une série de listes additionnelles, afin que ceux qui s'y reconnaissent puissent poursuivre leur exploration des grands films de cette année

 

 

 

Top 10

 

 

 

 

  

1. 19096863.jpgJusqu'en enfer

  

« Avis à tous les petits malins (au hasard Saw 1 à 12) qui avaient profité de son absence pour saccager la maison: papa est de retour. » Voilà comment le magazine Première présentait le retour de Sam Raimi dans le genre qui l'avait fait connaître et ils ont tellement raison ! Alors j'en vois déjà se dire, en constatant la présence de ce Jusqu'en enfer en tête de ce classement, que ce bon vieux Startouffe s'est laissé allé, qu'un soubresaut tardif d'acné juvénile lui à fait perdre le goût des choses, ou bien qu'il a rencontré le grand amour lors de cette séance, ce qui pourrait alors expliquer l'affection démesurée qu'il porte à un banal film d'horreur, simple exutoire pour plaisirs basiques Que nenni pourtant gentes gens ! Que nenni ! Même s'il restera évident que ce type de classement est le fruit d'une subjectivité, il n'empêche que la vision et la revision des films de 2009 m'amènent toujours à ce même constat : c'est que ce retour inattendu du maître Sam Raimi à son genre de prédilection, l'épouvante, est un remarquable coup de maître, un moment de pure jouissance et une grande leçon de cinéma tout simplement..

Justin Long et Alison Lohman. Metropolitan FilmExport Alison Lohman et Dileep Rao. Metropolitan FilmExport Alison Lohman et Lorna Raver. Metropolitan FilmExport

Alors, bien sûr, je sais qu'en soutenant un tel discours je me range dans une faible minorité, celles des gens qui reconnaissent à ce film le statut de l'un des plus grands chefs d'uvre de cette année, et que je me retrouve ainsi bien seul face a la foule d'incrédules qui, forts honnêtement, n'ont rien vu d'extraordinaire dans ce film, voir même qui s'y est quelque ennuyé. A ceux-là qui se posent la question d'une telle place dans mon cur pour un film qui leur semble pourtant tellement banal, je ne peux que répondre par une invitation, celle à revoir le film, mais ce coup-ci déconnectés des attentes habituelles que l'on entretient à l'égard d'un film d'horreur. Car oui, même s'il peut sembler classique au premier abord, ce film est en fait d'une subtilité et d'une efficacité absolument étourdissante. Je sortais dune journée de travail exténuante quand je me suis affalé dans le fauteuil de la salle de cinéma dans laquelle allait être projetée ce Jusqu'en enfer... Je m'endormais déjà, et pourtant, la première minute a suffi à me requinquer : immédiateté de la démarche, maîtrise et retenue dans tous les effets de mises en scène, brièveté de l'introduction Bam ! Le pouvoir de captation fut total.

Alison Lohman. Metropolitan FilmExport Alison Lohman et Dileep Rao. Metropolitan FilmExport Metropolitan FilmExport

Et tout cela pour nous proposer quel type de spectacle ? Certes pour nous servir une histoire basique de possession, de malédiction jetée sur une pauvre jeune fille pourtant d'allure si innocente... Mais l'histoire n'est qu'un détail ici. Dans Jusqu'en en enfer, ce qui fonctionne remarquablement bien, c'est ce lien ténu que le maître a décidé de tisser entre la peur et le rire. Et là, chapeau ! L'amorce d'une tension sert ici toujours à l'avènement futur du rire ultime, le rire alimentant lui même l'angoisse qui nous attend juste après. C'est bien simple : Raimi ne nous montre pas qu'il maîtrise toutes les ficelles du cinéma (pas seulement), il nous montre aussi qu'il connaît l'un des tréfonds fondamental de la psychologie humaine. L'expérience est absolue, la dette que l'on doit au maître en sortant de ce film est grande, car au final c'est ni plus ni moins à l'apothéose d'un genre, voire même du cinéma en son entier, à laquelle le grand Sam Raimi nous a exposée.  Donc et c'est tellement vrai : avis à tous les petits malins qui avaient profité de son absence pour saccager la maison : papa - en 2009 - est bien de retour...

  

  

2. 19027228.jpgSlumdog millionaire

 

Je l'ai déjà dit mais je le répète ici, car au fond cela met si justement ce film au rang qui est le sien : ce Slumdog Millionaire aura été le film qui, cette année, aura tout raflé aux Oscars... Et ce serait se méprendre que de croire qu'il a suffi d'apitoyer les spectateurs avec toute la misère de l'Inde pour en arriver là... Oh ça non ! Et tout ceux qui l'auront vu s'accorderont au moins sur ce point la... Ce film est tout sauf misérabiliste : il joue sur beaucoup de ficelles mais certainement pas sur l'apitoiement. Il y a dans ce Slumdog de l'espoir, du plaisir, du dépassement, bref de la vie... Car c'est bien en cela que ce Slumdog parvient à nous envoûter si facilement : au lieu de nous livrer la sempiternelle même histoire d'amour, le sempiternel même destin tragique, qu'on aurait simplement enrobé de nouveaux chichis et froufrous qui font l'actualité, Slumdog lui a su livrer du basique mais en changeant un élément de taille, le souffle.

   Pathé Distribution   Pathé Distribution   Freida Pinto. Pathé Distribution

Car oui, ce n'est certainement pas un hasard si Danny Boyle a pris pour théâtre de ses nouvelles aventures l'Inde... Si ce pays est encore aujourd'hui le symbole d'une certaine pauvreté, d'une grande fourmilière où la masse écrase le milliard d'individus qui la compose, c'est aussi le pays d'un cinéma qui, tout en restant enserré dans son carcan traditionnel, sait profiter de la petite fenêtre qui lui est laissée libre pour s'exprimer, pour donner le maximum de sa magnificence et de son énergie. Slumdog est à l'image de ce pays, de ce cinéma : il est généreux, il donne, il ne compte pas, il vit... Et quelle plus belle récompense que ce film qui voit enfin Danny Boyle trouver là le ton juste, qui lui donne enfin la possibilité de trouver l'harmonie suprême dans sa débauche d'idées, de talent, d'envie. Boyle donne sans compter et nous, spectateurs, recevons plus que nous ne pouvons en contenir. A tout prendre en compte finalement, ce film c'est du plaisir visuel, du plaisir lyrique, du plaisir rythmique, bref ce Slumdog Millionaire c'est du plaisir... Tout simplement

  

 

3. 19047151.jpg La Vague

Alors oui, encore une fois, surprendrais-je sûrement en classant si haut La Vague dans mon classement, mais c'est tout simplement la correspondance directe de la place qu'il occupe dans mon estime. Car oui, c'est un film au fond assez simple, assez modeste, mais c'est un film qui fait l'effet d'un film nouveau. Un prof de lycée constate que son cours sur le totalitarisme ne passe pas, que les élèves ne se sentent pas concernés. Nous non plus d'ailleurs C'est que des films sur le nazisme, le fascisme et tout ces trucs la, on en a déjà mangé des centaines et désormais on en connaît toutes les ficelles... C'est pour cela que ce prof un peu anticonformiste sur les bords va les conditionner, va nous conditionner, au totalitarisme afin de nous démontrer le contraire de ce que l'on pensait de prime abord. C'est osé, c'est risqué, cela sera peut être un exercice casse-gueule, mais au moins a-t-il le mérite de susciter la curiosité, de se faire nous poser la question « mais que va t'il bien pouvoir se passer? » Jusqu'où cela peut il aller ? « Cette sensation est rare face à une uvre de cinéma et cette Vague parvient à la susciter ne serait ce que par son postulat original. Ça, cette qualité qui manque trop au cinéma et qui explique qu'on s'enthousiasme autant quand on la rencontre, c'est l'audace.

   Jürgen Vogel. Bac Films   Jürgen Vogel. Bac Films   Bac Films

C'est que l'audace dans la Vague se trouve à plusieurs niveaux. Tout d'abord il y a cette audace à montrer comment le fascisme n'était pas qu'un mouvement de contrainte organisé par un corpuscule armé et manipulateur, mais bien une force d'inertie sociale capable de s'autoalimenter une fois qu'elle est lancée. C'est qu'il y a de l'audace à montrer comment l'esprit de corps rassure, structure, et fait se sentir plus fort et peut, par bien des points, apporter des arguments chocs face à l'individualisme des démocraties libérales d'aujourd'hui. La vraie force de cette Vague, c'est qu'il ose enfin présenter le fascisme pour ce qu'on se refuse souvent de reconnaître, par culpabilité souvent, et parce que l'idée dérange : un mouvement qui a trouvé sa source et son inertie dans la masse sociale et non seulement chez un leader manipulateur. Bref, en ressortant le fascisme de son contexte classique, en n'ayant pas peur d'en décortiquer les mécanismes, le film a permis ce que le cinéma n'est que très rarement à ce niveau : il a été pédagogue. Rien que pour cela, ce film reste durablement marqué dans mes mémoires

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4. 19057559.jpgGran Torino

En soi, ce film marquait un petit événement dans l'histoire du cinéma. Non pas que les films du maître Clint Eastwood soient devenus rares, au contraire : l'âge venant, le vieux sage du septième art n'a jamais été si prolifique avec pas moins d'un à deux films par an ces derniers temps, mais c'est surtout que Gran Torino marque la fin de la carrière d'acteur du maître et beaucoup savent combien elle fut longue et fournie. Et quelle plus belle révérence possible que ce remarquable chef d'uvre qu'est Gran Torino.

   Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her et Brooke Chia Thao. Warner Bros. France   John Carroll Lynch et Clint Eastwood. Warner Bros. France   Ahney Her. Warner Bros. France

Tournant autour du thème du regard de l'ancien sur le nouveau, des relations entre générations et entre communautés, mais surtout autour de l'idée du passage de flambeau, Gran Torino se veut une mise en abîme de la carrière du maître, mais aussi de la vie de l'homme. Or, le testament que nous transmet le vénérable ancien est touchant de lucidité, de clairvoyance et surtout de sagesse. Le film est pur, l'histoire est sèche, le propos est remarquable. Que dire de plus sinon qu'on admire autant qu'on apprécie, qu'on s'emplie d'une joie contenue autant que d'une grave solennité qui paradoxalement semblait nous manquer depuis toujours. Voilà le talent des grandes uvres, et ce Gran Torino fait incontestablement partie de celles qui restent gravées dans les esprits et dans les curs...

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5. 19149594.jpgDistrict 9

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La science-fiction, on connaît... Du spectacle visuel et un peu de fantastique, loin des préoccupations de notre quotidien, bref le genre de films idéal pour ne pas se pendre la tête. C'est ce qu'on se dit parfois trop facilement lorsqu'on se dirige dans les salles obscures pour voir un film qui se réclame de ce science-fiction... Cela ne veut pas dire que District 9 a pour principal mérite celui d'être visuellement minable et bien preneur de chou, car à ce niveau là bien au contraire ! le film assure l'essentiel sans avoir à rougir de la concurrence. Non, la vraie erreur que l'on pourrait commettre en allant voir ce film serait de se dire que District 9 se limitera définitivement qu'à du visuel et un brin de fantastique. Car l'indéniable force de ce film c'est qu'il sait justement se faire très mesuré sur ses effets afin de mettre encore plus en évidence toute l'étendue de ses ambitions. C'est que le film est riche, dense, osé et que ces qualités, si elles peuvent en désarmer ou en désorienter plus d'un, font que ce District 9 est un spectacle incroyablement attractif et stimulant tant il semble nous emmener sur une nouvelle voie.

   Sharlto Copley. Metropolitan FilmExport   Metropolitan FilmExport   Metropolitan FilmExport

C'est difficile de ne pas lui reconnaître au moins cela : District 9 entend aborder un ton inhabituel sur un genre très codifié dans les représentations de ses spectateurs et il n'a pas peur de varier les formes afin d'arriver là où il prétend pouvoir nous conduire. C'est que le film ne prend pas place en Afrique du sud juste pour faire son original : il entend se servir de son camp de réfugié rempli d'extraterrestres définitivement pas comme nous pour nous faire porter un regard nouveau sur ce que fut dans ce pays le district 6, township ou les Blancs marginalisait les Noirs. Or l'aspect documentaire que prend le début, sur un ton très incisif qui plus est, contribue à renforcer l'immersion. Heureusement, le film ne s'enlise pas dans ce seul postulat et sait passer du constat à l'épopée, notamment grâce à un splendide revirement formel, qui donne progressivement la part belle au spectacle et à l'action. Mais le film ne perd jamais son humour noir, ne perd jamais non plus sa ligne de conduite, si bien que le film sait marier les genres, marier les émotions, pour toucher au but de la façon la plus admirable et la plus généreuse qui soit. Bref, voilà bien là de la remarquable science-fiction comme beaucoup l'adore. Pour ma part je suis fan : qui m'aime me suive !

 

 

6. UGC DistributionUn prophète

 

Audiard aura su soigner son retour en cette année de 2009. Silence radio depuis le merveilleux De battre mon cur s'est arrêté, puis soudain c'est le gros buzz grâce notamment à une promotion cannoise aussi dithyrambique qu'inattendue. C'est donc avec un réel enthousiasme qu'on se déplaçait vers nos salles obscures qui nous proposaient ce film aux mérites tant loués Mais bon, il y avait aussi une certaine crainte face à un film qui racontait quand même pendant près de 3h la plongée dans l'univers carcéral d'une pauvre petite frappe, appelée à s'endurcir ou à périr. Non pas que des films comme Hungry ou bien qu'encore cette mode actuelle qui tend à pencher vers un misérabilisme outrancier nous rappelle de mauvais souvenirs, mais tout de même, on se dit à ce moment là qu'il serait bienvenu que le maître soit lui-même afin de nous éviter un bourbier similaire... En tout cas, à ce niveau là, Audiard aura su surprendre et désapointer à la fois

   Tahar Rahim. Roger ArpajouNiels Arestrup et Tahar Rahim. Roger Arpajou   Tahar Rahim. Roger Arpajou

Vous êtes comme moi et vous détestez les films qui se contentent de se la jouer fiction- documentaire ? Ces films qui n'ont ni intrigue, ni propos, sinon celui qui consiste à dire qu'il y a bien de la misère dans notre bas monde ma p'tite dame. ? Eh bien la première demi-heure   sera alors pour vous annonciatrice des pires augures  tant le film rempli le cahier des charges du parfait Dardenne sans faillir. Mais Audiard reste Audiard. Il prend son cinéma là ou il prend son personnage, au fond du gouffre, et il le hisse progressivement au sommet. L'intrigue s'épaissit, la forme reprend ses droits, et on quitte progressivement Hungry pour une sorte de Parrain d'auteur totalement captivant. Le film n'en gagne que plus en authenticité, les personnages n'en deviennent que plus vivants et, surtout, le chemin de croix du personnage principal qui se transforme progressivement en parcours initiatique du héros sait donner a ce film toute sa force émotionnelle, sachant emplir aussi bien uvre d'espoir que  de fatalité. Bref, c'est très fort, c'est un spectacle o combien appréciable et remarquable.. que ce Prophète. Une palme de perdue, indéniablement

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7. 19027676.jpg Les Noces rebelles

Comme je le disais en introduction de cet article, Sam Mendes aura su rattraper son absence de quatre ans avec pas moins de deux films cette année. Seulement voilà, entre le récent Away We Go et ces Noces rebelles, il y a un fossé. Fossé dans le style, fossé dans la forme, malgré pourtant un sujet similaire : le couple. Or, entre la version couple de bobos décomplexés en road trip d'Away We Go et celle des conventions pesantes de la norme des Noces rebelles, il ne fait aucun doute que mes sentiments se sont clairement plus orientés vers le second plutôt que vers le premier. Certes, on a tous nos petits tracas, nos petites questions, nos petits doutes comme nous le montre Away We Go, mais au fond tout va bien et la vie suit son chemin C'est sympa, c'est léger certes, mais ça traverse l'esprit comme un courant d'air, apportant son petit lot d'amusement l'espace d'un instant. Ces Noces rebelles, par contre, savent insister et mettre en évidence les mécanismes sournois d'une pression sociale lancinante qui nous aliène plus que de raison : la norme. Quel sujet plus abstrait, plus chiant, plus casse-gueule que celui-ci, la norme sociale ? Seulement voilà : quand maître Mendes donne vie à son propos au travers d'un couple mythique, impeccable, bouleversant comme le sont la radieuse Kate Winslet et le ténébreux Leonardo Di Caprio, le tout magnifié par un cadre méticuleusement monté, on transcende tout simplement le discours pour arriver à du ressenti pur.

   Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. DreamWorks Pictures   Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. DreamWorks Pictures   Kate Winslet. DreamWorks Pictures

Car oui, et c'est bien cela la différence avec cet Away We Go au style léger pour ne pas dire sans style du tout c'est que ces Noces funèbres savent utiliser toutes les conventions, tous les artifices nécessaires, pour faire de ce cadre scénique un parfait représentant de cet univers millimétré des années 1950 dans lequel rien ne dépasse. Alors que Burt et Verona d'Away We Go s'éclatent dans leur voyages où ils ne savent plus que faire ni où aller, Frank et April des Noces rebelles voient leurs désirs étouffés dans l'uf, brisés par la pression de la norme, par le regard des autres, par cette entreprise aliénante menée par tous, victimes eux-mêmes des bourreaux qu'ils sont Ainsi le modèle de la happy family à l'américaine, du fameux american way of life, se retrouve présenté sous ses deux coutures : la première celle de surface radieuse et harmonieuse, la seconde, perfidement destructrice et déshumanisante de l'individu. Profond, subtil, sachant rafler chacun des aspects de ce perfide état, Mendes mène là son bateau comme un maître. Le résultat n'en est que plus frappant. J'avais dit dans ma critique postée à l'époque que ces Noces rebelles faisaient partie de ces films qu'on adore avoir vu ne serait-ce qu'une fois, parce qu'il avait au moins eu le mérite de nous ouvrir les yeux et de nous y faire voir clair sur un aspect fondamental de notre vie Aujourd'hui je me permets de revenir sur un élément de ce propos : une fois ne suffit pas pour apprécier un tel chef d'uvre Mais si le film vous a échappé cette année, alors de toute façon il faudra bien y passer une première fois. Alors n'ayez crainte, et laissez-vous guider par le maître

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8. 19103373.jpgLascars

Oui c'est vrai qu'en tant que grand fan de la série lorsque celle-ci fut diffusée sur Canal + (Dix ans déjà) l'annonce d'un long-métrage ne pouvait que me séduire et les quelques pitchs lancés ça et là avant la sortie avaient su réaffirmer l'envie de m'y tâter. Mais de là à recevoir une telle claque, j'avoue que je ne m'y attendais pas vraiment Premier choc : les petits studios semblent devenus biens grands (ou bien ingénieux) car visuellement l'univers Lascars atteint des sommets de créativité et d'audace esthétique. Un must en terme d'animation. Entre les décors combinant astucieusement performances informatiques et esprit graf' à l'ancienne d'un côté, et ces trombines de personnages tordantes d'expressivité et de diversité (à prendre leçon messieurs les character designers)  le cocktail est saisissant, faisant déjà de la forme une part de fond en soi. Je n'ai pas peur de le dire, en terme de créativité et de transmission de sens, ce film se hisse au sommet du genre animation, se posant clairement comme un modèle dont on devrait aisément s'inspirer. Mais est-il finalement si pertinent de s'étendre sur la forme, aussi aboutie soit-elle, quand on dispose d'un fond aussi alléchant.

    Bac/Millimages   Bac/Millimages   Bac/Millimages

En effet, Lascars c'est surtout et avant tout autre chose un remarquable travail d'écriture ; écriture des personnages d'une part, chacun renvoyant à un stéréotype aussi subtil que tordant des gens de la « banlieue » ; mais aussi écriture des dialogues remarquablement ciselés. Audiard père, le grand Michel, y aurait sûrement trouvé là ses dignes héritiers en la matière. Mais ce qui fait surtout la force de ces Lascars, c'est qu'il n'est pas un film de zonards pour des zonards, une sorte de galimatias identitaire fermé à tous ceux qui « n'en sont pas ». Bien au contraire ! Qu'on y ait vécu, qu'on connaisse, qu'on croit connaître ou qu'on ignore, ces Lascars là ont une dimension pleinement universelle car chacun saura s'y reconnaître au fond, dans cette tripotée de tocards aux codifications pourtant si marquées nous rappelle un monsieur tout-le-monde. Car c'est Lascars, ça reste une comédie remarquablement menée, parfois sachant même renouer une certaine tradition de la bonne vieille comédie française faite à l'ancienne. Déjà testée sur des septiques, les résultats se sont avérés positifs. Ne vous laissez donc pas répulser par moult préjugés ou craintes non fondées car, à mes yeux, ces Lascars représentent incontestablement pour moi la comédie de l'année, toutes nationalités confondues. Y'a pas à dire : beaux gosses les lascars

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9. 19119534.jpgBrüno

 

Je sais Je sais que, pour qui n'a pas vu la plupart de ces films, ce top peut paraître bien singulier et peu académique. Mais bon, l'idée même d'un top est de classer les films selon son affect et ce Brüno fait incontestablement partie des grandes joies de 2009. Alors c'est vrai que ce style de film est vraiment singulier et difficile à classer. D'ailleurs, souvent, même ceux qui ont reconnu ces grandes vertus humoristiques, finissent souvent par oublier d'évoquer les films de Sacha Baron Cohen en fin d'année, tellement ils semblent à part. Car oui, le style de film de ce comique décalé est vraiment un concept à lui tout seul. Sur la même lignée que son précédent Borat, il s'agit d'entremêler étrangement fiction pure et documentaire. Le personnage de Brüno est ce qui relève de la fiction, les quelques scénettes qui le mettent en scène aussi. Mais par contre, ses interventions dans les talk show, dans la rue, dans les castings, elles, sont tournées avec de simples quidams qui prennent le personnage de Brüno au pied de la lettre. Le mariage est étonnant, mais il a l'avantage d'être surtout détonnant

   Sacha Baron Cohen. Sony Pictures Releasing France   Sacha Baron Cohen. Sony Pictures Releasing France   Sacha Baron Cohen. Sony Pictures Releasing France

Brüno, c'est en quelque sorte une suite de Borat, sauf que pour changer de thème, Cohen change de personnage. Si Borat s'attaquait au patriotisme primaire de la bonne vieille Amérique, Brüno a l'audace lui de s'attaquer à la place du sexe ainsi que de ses représentations, toujours au cur du pays de l'Oncle Sam. On pourrait se dire que ce choix a dû certainement être motivé par l'ensemble de blagues cochonnes et cra-cras que ce registre autorise Malgré tout, ce serait sous-estimer la subtilité de la démarche de Cohen. Certes, le personnage d'homosexuel stéréotypé qu'est Brüno et les situations grossières qu'il déclenche sont toutes très directes et plus que suggestives. Pourtant, les thèmes abordés par cette exploration de notre norme morale se révèle aussi très réfléchie au final : l'interdit sexuel face aux enfants, les caricatures sexuelles qui s'associent à la culture virile, la réalité de la tolérance et de la liberté de pensée au travers de la question sexuelle, voire homosexuelle. Surprenamment, tout cet empilement de scènes trouve une incroyable cohérence, mais surtout une remarquable pertinence, dans ce qu'elles révèlent de notre morale et de ses contradictions. D'ailleurs, contrairement à Borat, Brüno ne dérape jamais, dans le sens où il ne se laisse pas aller à des grossièretés gratuites qui n'apporteraient rien à sa démarche. Cela ne veut pas dire pour autant que notre cher comique d'outre-manche en a perdu sa liberté de ton et d'initiative : bien au contraire, ce qu'il ose faire au Proche-Orient relève même de la folie pure ! Seulement voilà, c'est aussi avec des scènes comme celles-là et surtout comme celle de fin (remarquable) que l'on prend conscience d'une vérité cardinale qu'il ne faut jamais perdre de vue et que ce Brüno nous rappelle incidueusement : c'est que quand une société autorise qu'on rit de tout, alors elle peut vraiment prétendre être une société de liberté

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10. 19181962.jpg Le vilain

Difficile de mieux finir ce top qu'en rendant hommage à un auteur aussi généreux et aussi dénigré qu'est Albert Dupontel. Non pas qu'on dise de lui qu'il s'agit d'un tocard (quoi que) mais jamais vraiment il n'est cité parmi les grands auteurs français du moment, alors que c'est pourtant indéniablement le cas. Je dis cela alors que, pourtant, aucun de ses films ne m'avaient jusqu'alors vraiment parlé. Bernie comme Enfermés dehors me donnaient tellement le tournis qu'au final la démarche ne me touchait qu'à moitié. Malgré tout, déjà dans ces films, Dupontel traduisait cette véritable générosité qui caractérise son cinéma et qui en fait indéniablement le succès auprès de quelques aficionados. Mais voilà qu'en 2009 le grand Albert nous sert ce Vilain qui, à mes yeux, donne au cinéma de Dupontel ce qui lui manquait jusqu'alors, le sens de la mesure Et là, pour moi, c'est le grand coup de cur

   Catherine Frot. StudioCanal   Albert Dupontel. StudioCanal   Albert Dupontel. StudioCanal

Peut-être était-ce cela le problème entre Dupontel et moi : le démarrage trop rapide, la trop forte surcharge sonore ou visuelle de ces films qui en faisaient de véritables épreuves mentales et physiques Non pas qu'il se soit assagi, mais désormais il sait monter progressivement en puissance, focaliser son énergie sur les points chauds de son film, si bien qu'au final, la conquête est totale. Elle peut pourtant sembler bête cette histoire de jeune brigand e, cavale qui retourne se planquer chez sa gentille maman qu'il a délaissé depuis si longtemps Pourtant elle colle parfaitement avec l'état d'esprit dans lequel le film entend s'inscrire. Le Vilain, c'est une sorte de grosse farce guignolesque joué par un clone déjanté de Buster Keaton et filmé par un Tex Avery des grands jours. Or le ton, le rythme et la minutie de Dupontel font de cet instant un grand moment maîtrisé durant lequel on se sent choyé du début jusqu'à la fin, si bien qu'on en rit et qu'on en rit encore et rien que pour cela : ô merci M. Dupontel

 

 

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